La presbyacousie
C’est le nom de la perte progressive de l’audition liée au vieillissement normal de l’oreille.
On parle de presbytie pour la baisse de l’acuité visuelle et tout le monde trouve alors normal de consulter un médecin spécialiste des yeux et de porter des lunettes. Les oreilles aussi vieillissent et cela entraîne une baisse progressive de l’acuité auditive. Il est alors tout aussi normal d’aller consulter un médecin spécialiste des oreilles – un ORL – et de porter des appareils auditifs.
On estime à 6 millions le nombre de personnes malentendantes en France. Parmi elles, 88% sont devenues sourdes. Nées avec une audition normale, elles ont naturellement appris à parler, s’expriment normalement mais elles ont perdu l’audition, parfois dans l’enfance ou à l’âge adulte. Parmi ces personnes devenues sourdes, on trouve un grand nombre de personnes âgées, comme votre père. En effet, il semble qu’une personne âgée de plus de 60 ans sur cinq souffre de déficience auditive.
Comment reconnaître la presbyacousie ?
Souvent l’audition baisse progressivement et la personne ne s’en rend pas compte ou a du mal à l’admettre. Elle va parfois penser qu’elle comprend moins bien car les autres parlent trop vite ou articulent mal. De plus, l’idée de devoir porter un appareil auditif apparaît souvent comme un signe extérieur de vieillesse et explique aussi le refus d’accepter cette baisse auditive. Mais si une personne augmente le son de la télévision, fait souvent répéter quand on lui parle, si elle a du mal à suivre une conversation à plusieurs ou dans un milieu bruyant (repas de famille par exemple), si elle parle de plus en plus fort ou a tendance à s’isoler alors il faut effectivement se demander si elle n’est pas en train de devenir sourde.
Y a-t-il un risque si on ne fait rien ?
La surdité n’entraîne pas de risque mortel ou contagieux. Mais il faut comprendre que cette perte de l’audition va avoir des conséquences à plusieurs niveaux :
1) La communication : à force d’avoir du mal à converser, la personne a tendance à écourter les échanges et à ne plus participer aux conversations de groupe
2) La vie professionnelle et sociale : hantise du téléphone et des réunions de groupe, évitement des soirées et des milieux bruyants, des sorties au théâtre, au cinéma, au concert
3) La vie familiale : l’entourage qui banalise ou se moque, infantilisation de la personne qui ne comprend plus très bien et a le sentiment de ne plus être vraiment prise en compte
4) Moral et confiance en soi : sentiment d’inutilité, peur des démarches extérieures, de ne pas entendre son réveil ou la voiture qui arrive dans la rue, tristesse, dépression.
Pourquoi faut-il voir un ORL ?
Le médecin ORL va ausculter les oreilles et pratiquer des tests d’audition qui permettent de mesurer, pour chaque hauteur de son, le niveau d’intensité (plus ou moins fort) auquel il est perçu. En effet une perte auditive ne fait pas baisser tous les sons en même temps ni de la même façon. Souvent les sons graves sont mieux perçus que les sons aigus. Cette mesure de la perte auditive – qui s’appelle un audiogramme – permet au médecin ORL d’estimer s’il faut ou pas prescrire des appareils auditifs et de l’orthophonie.
Est-ce vrai que les appareils auditifs sont chers et où peut-on en acheter ?
C’est l’audioprothésiste qui vend, règle et adapte les appareils auditifs à la surdité particulière de chaque personne qu’il reçoit. Il est en quelque sorte l’opticien des oreilles.
Les appareils auditifs sont chers et sont encore mal pris en charge par l’assurance maladie (environ 10 à 20% du coût total). Normalement en 2021, des appareils auditifs labellisés « 100% santé » seront proposés et pris en charge à 100%.
Est-ce qu’avec ces appareils on peut retrouver une audition normale ?
Il est malheureusement impossible de rendre à quelqu’un ses « oreilles de 20 ans ». Les appareils amplifient les sons, mais ils les déforment aussi un peu parfois. D’autre part, ils amplifient TOUS les bruits et les sons sans privilégier la parole, comme le fait naturellement notre cerveau quand on écoute quelqu’un dans un milieu bruyant. Ces bruits viennent alors masquer, gêner la perception de la parole qui est mal comprise. Ceci entraîne parfois de la déception et toujours beaucoup de fatigue pour la personne appareillée, qui doit fournir de gros efforts pour s’adapter et comprendre. C’est une phase normale d’adaptation, qui sera d’autant plus longue que la personne aura attendu longtemps avant de se décider à porter des appareils auditifs.
Quel est le rôle de l’orthophoniste auprès de la personne devenue sourde appareillée?
L’orthophoniste accompagne la phase d’adaptation et d’apprivoisement de cette « nouvelle audition » via les appareils. Elle aide la personne à redonner du sens aux bruits environnants et à prendre des repères pour améliorer la perception et la compréhension de la parole.
Ces repères sont auditifs, mais aussi visuels, à travers l’observation des mouvements articulatoires sur les lèvres de l’interlocuteur. C’est ce qu’on appelle la lecture labiale. Cependant, lire sur les lèvres ce n’est pas comme lire un livre. Tous les sons de la parole ne sont pas visibles sur les lèvres et certains sons se ressemblent. Par exemple, sans l’audition ou le contexte de la phrase, il est difficile de savoir, juste en observant les lèvres de quelqu’un, s’il parle de « mémé » ou de « bébé ». Le travail avec l’orthophoniste doit donc permettre de combiner ces deux informations imparfaites – auditive et visuelle – qui se complètent pour construire du sens.
Le rôle de l’entourage et des proches
L’entourage doit adapter sa communication pour faciliter la compréhension de la parole par la personne devenue sourde. Il ne s’agit pas de parler plus fort mais plutôt de ne pas parler trop vite et d’articuler correctement, sans exagérer.
Il est facile d’oublier qu’une personne n’entend pas ou mal, car ses difficultés ne se voient pas.
Il faut donc éviter certaines situations qui compliquent ou empêchent la compréhension comme parler d’une autre pièce ou le dos tourné, parler dans le bruit, être à contrejour car les lèvres sont moins visibles, parler la bouche pleine car cela déforme les mouvements articulatoires.
L’idéal est de parler normalement, en articulant et en face de la personne, sans crier ni s’énerver.