À 3 ans, les crises, c’est normal !
Votre enfant est encore jeune ! Il est trop difficile pour lui de pouvoir identifier et comprendre ses émotions, surtout lorsqu’il est confronté à la frustration. Il peut se mettre à pleurer, crier, insister alors qu’on vient de lui refuser ou interdire quelque chose. Souvent, le ton monte, la crise s’intensifie et on ne sait plus quoi faire.
Dans ces moments, il est important d’aider l’enfant à reconnaître ses émotions. À sa place, on peut décrire ce qu’il ressent : « C’est difficile pour toi. Tu es en colère. Tu voulais vraiment ce gâteau. »
Après avoir mis des mots sur son ressenti, il est essentiel de l’autoriser à vivre ce moment compliqué. On évitera de lui donner des ordres impossibles à respecter comme « arrête de pleurer » ou « ne fais pas de colère ». L’enfant a besoin qu’on accueille avec bienveillance ses ressentis et ses réactions : « Tu peux pleurer, c’est normal. C’est compliqué quand on te dit « non ». Mais on ne mange pas de gâteau avant le repas. ». Ainsi, on rappelle la règle sans être autoritaire. Les règles permettent de définir un cadre sécurisant pour l’enfant. Elles doivent donc être constantes, identiques pour les deux parents et souvent répétées.
N’oublions pas aussi que l’orientation temporelle reste très compliquée à cet âge. L’enfant a donc aussi besoin qu’on le rassure en lui expliquant le déroulé des émotions : « Ca va te faire du bien de pleurer. Ca ira mieux après. ». On peut aussi réconforter l’enfant par des gestes tendres comme un câlin. Ainsi, il peut traverser plus facilement cette émotion.
Et nous, parents ?
Quand les crises sont trop fréquentes et intenses, on ne trouve parfois plus de solution. On a l’impression qu’on a tout essayé et que rien n’est efficace. On devient vite fatigué, agacé, à bout. Finalement, on finit parfois par céder face aux crises de l’enfant. Dans d’autres cas, on veut éviter la crise à tout prix et on donne à l’enfant ce qu’il désire, avant qu’il le demande.
Dans tous les cas, il est important de rester calme. Comment un enfant peut-il se calmer si son parent est aussi énervé que lui ? Il faut pouvoir donner l’exemple à notre enfant en adoptant la bonne attitude. Si cela est trop compliqué quand la colère éclate, il peut être utile de s’isoler deux minutes pour se calmer. Ensuite, on sera plus disponible pour accompagner l’enfant par rapport à ses émotions. Il sera plus facile d’être à l’écoute.
Quand on parle d’exemple pour l’enfant, les mots sont aussi importants que l’attitude. En verbalisant ses propres émotions, le parent montre à l’enfant une bonne méthode pour traverser les siennes : « Je suis en colère. J’ai besoin de souffler. Comme ça, je vais pouvoir me calmer. Après, on pourra parler et voir ensemble ce qu’il s’est passé. »
Il est important de se coordonner entre parents pour établir des règles claires et définies. Ces règles seront à répéter régulièrement pour éviter à l’enfant de négocier.
Le lien avec le développement du langage
Quand l’enfant fait une crise, on ne peut pas bien aborder la situation par le langage car il n’est pas dans l’écoute. Si on devance ses demandes pour éviter les crises, on lui retire la nécessité d’employer son langage dans un but précis. Chaque situation qui se résout sans discussion est donc une occasion ratée d’échange et de communication.
Dans ces moments de crise, on peut dire ce que l’enfant ressent pour l’amorcer la discussion et créer un échange. Ces moments et ces échanges sont importants. Ils favorisent le développement du langage car ils créent des situations d’échange et de communication en aidant l’enfant à gérer ses émotions.
Si on arrive à aider l’enfant à accueillir et vivre ses émotions, on entre déjà dans une dimension de langage car il faut des mots pour s’exprimer. En plus, cela lui permet de mieux traverser ce moment et d’en sortir plus sereinement. L’enfant est alors disponible pour discuter de la situation, écouter son parent et rebondir sur ses propos. On offre un moment d’échange à l’enfant et des modèles de langage.
Quelques exemples
Laura, 2 ans et demi, ne supporte pas que son papa lui refuse quelque chose. Dès que son papa lui dit « non », elle insiste et s’énerve très rapidement. Pour éviter la crise, le papa de Laura lui donne rapidement ce qu’elle demande dès les premiers signes de colère. Son papa a pourtant commencé par lui dire « non » ! Résultat : Laura comprend qu’en se mettant en colère, elle obtient ce qu’elle veut même si son papa a d’abord refusé. Laura n’apprend donc pas à gérer la frustration et ne profite pas de toutes les explications qui peuvent lui être apportées. Le papa manque une occasion de poser le cadre des règles de vie et de profiter d’un moment d’échange avec son enfant.
Kaïs, 3 ans et demi, a du mal à dépasser la colère ou la tristesse. Quand quelque chose se passe mal, les crises et les pleurs durent très longtemps avant qu’il s’apaise. Ses parents ont eu l’habitude de le laisser traverser ses émotions tout seul en l’isolant dans sa chambre. Kaïs a souvent entendu « va pleurer dans ton coin », « calme-toi » ou « arrête tout de suite cette colère sinon tu seras puni ». Résultat : quand Kaïs traversait des moments compliqués, ses émotions n’ont pas été reconnues ni accueillies par ses parents. Au lieu de nommer les émotions et d’accompagner Kaïs dans ses ressentis, on a voulu y mettre fin directement. Kaïs est donc en difficultés pour vivre ses émotions. Il n’a pas profité des explications sur les situations grâce au langage et n’a pas eu l’occasion de s’exprimer lui-même. Il restera immature sur le plan émotionnel car on ne l’a pas aidé à comprendre et gérer ses émotions.
À travers l’accueil des émotions et la verbalisation de ses ressentis, les parents offrent à l’enfant des outils de langage. Par imitation, les enfants pourront s’en servir pour communiquer et mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Cela permettra d’apaiser les tensions et de réduire les moments de crise de colère. Il est essentiel de maintenir un cadre et de rappeler régulièrement les règles. Les deux parents doivent donner les mêmes règles pour sécuriser l’enfant et lui donner des limites claires. Finalement, on offre à l’enfant de meilleures capacités de résolution des conflits. Et on favorise le développement du langage en l’inscrivant dans des situations de communication et d’échange.