Pour un enseignant, la voix est un outil essentiel. Elle permet de transmettre des connaissances mais aussi de maintenir l’attention des élèves. Mais que faire lorsque la voix commence à faiblir et que la gorge devient douloureuse ? C’est la situation de Valérie, professeur des écoles en primaire.

Chaque jour, après avoir passé des heures à parler pour enseigner et gérer une classe parfois dissipée, Valérie éprouve une douleur persistante à la gorge. Il lui arrive même de devenir complètement aphone, incapable d’émettre le moindre son. À la fin de la journée, elle a souvent la sensation d’une boule dans la gorge et son larynx semble se resserrer. Ces symptômes, bien qu’ennuyeux, sont souvent ignorés ou minimisés par les personnes qui en souffrent. Pourtant, ils peuvent être le signe d’un trouble vocal sous-jacent. Cela mérite donc une attention particulière, surtout quand la voix est le principal outil de travail.

Comprendre la dysphonie fonctionnelle

Valérie décide finalement de consulter un ORL après plusieurs semaines de difficultés croissantes. Le diagnostic tombe : dysphonie fonctionnelle. Ce terme, qui peut sembler intimidant, désigne simplement un trouble de la voix causé par un usage inapproprié ou excessif de celle-ci. Cela veut dire qu’il n’y a aucune lésion des cordes vocales. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a rien ! Dans le cas de Valérie, le forçage vocal est la cause de toutes ses difficultés et de tous ses symptômes. Comme la dysphonie est amplifiée par le stress et la fatigue, plus Valérie s’inquiète et se fait du souci, plus elle risque d’aggraver sa situation sans le vouloir.

La dysphonie fonctionnelle est un problème relativement courant chez les professionnels qui utilisent leur voix, tels que les enseignants, les chanteurs,les agents d’accueil, les conférenciers. Elle se manifeste par une voix enrouée, une perte de puissance vocale, une fatigue vocale excessive et parfois des douleurs à la gorge et/ou au niveau du cou. Le premier réflexe est souvent de prendre le sirop qui traîne dans l’armoire à pharmacie, de faire des gargarismes ou de prendre des bonbons au miel ou des tisanes, en espérant que ça passe. Mais quand le trouble de la voix et les douleurs persistent, un avis médical est essentiel. Si la dysphonie n’est pas traitée, elle peut entraîner des complications plus graves, comme des nodules ou encore des polypes sur les cordes vocales. Ces lésions peuvent nécessiter une intervention chirurgicale en plus d’une rééducation orthophonique spécifique.

L’orthophoniste, au secours des voix blessées

Suite au diagnostic, l’ORL oriente Valérie vers un orthophoniste, ce qui étonne Valérie. Elle pensait que l’orthophoniste ne s’occupait que des problèmes d’articulation, de parole ou de lecture, comme pour certains de ses élèves. Mais l’orthophoniste va finalement être déterminant dans la prise en charge de cette dysphonie. Grâce à une évaluation détaillée avec une analyse acoustique, ce spécialiste de la communication et de la voix complètera l’examen ORL. A partir du bilan vocal, un plan de rééducation sera adapté au cas particulier de Valérie. Il tiendra compte de ses contraintes professionnelles, mais également personnelles. Le forçage vocal pouvant se produire aussi bien dans le milieu du travail qu’à la maison, il est essentiel de prendre en compte tous les aspects de la vie de Valérie.

Le traitement orthophonique pour une dysphonie fonctionnelle se concentre sur le contrôle respiratoire et la rééducation vocale. L’objectif est de réapprendre à utiliser la voix de manière efficace sans forcer, en s’adaptant au contexte professionnel de chaque patient. Il s’agit également de repérer et modifier les comportements qui aggravent le problème, souvent sans que le patient ne s’en rende compte. Les séances de rééducation peuvent inclure des exercices de respiration, des techniques de relaxation pour réduire la tension musculaire, des exercices spécifiques pour renforcer les cordes vocales sans les solliciter excessivement. L’orthophoniste est aussi amené à montrer au patient comment mieux se positionner pour utiliser sa voix plus confortablement.

Comment se déroule la rééducation de Valérie ?

Valérie commence ses séances d’orthophonie avec un profond sentiment de soulagement. Elle sait enfin pourquoi elle souffrait tant. Les causes de sa fatigue et de son forçage vocal sont identifiées et expliquées par l’orthophoniste. Valérie comprend surtout comment aller mieux et préserver sa voix, qui doit être traitée comme un muscle. Et les muscles ont besoin d’être préparés avant un usage intensif et de se reposer après. Des exercices lui sont proposés pour améliorer sa posture, contrôler sa respiration et réduire la tension au niveau du larynx. Valérie s’applique à les réaliser le plus régulièrement possible, elle est très motivée : sa voix est son outil de travail.

Au fil des séances d’orthophonie et des différents exercices réalisés, Valérie apprend à mieux gérer sa voix en classe. Elle découvre l’importance de l’hydratation régulière, non seulement pour apaiser sa soif et adoucir sa gorge, mais aussi pour protéger ses cordes vocales. L’orthophoniste lui montre aussi comment moduler le volume de sa voix et son intonation pour éviter le forçage vocal. En quelques semaines, Valérie constate une nette amélioration : l’inconfort et ses douleurs diminuent, les épisodes d’aphonie se font plus rares et elle est nettement plus confiante pour affronter sa journée de travail et surtout ses élèves débordants d’énergie !

L’importance de la prévention

Dans le cas de Valérie, l’intervention de l’orthophoniste a permis de traiter les symptômes existants, mais aussi de prévenir leur réapparition sur le long terme. En adoptant des habitudes vocales saines et un geste optimal, Valérie peut désormais enseigner sans craindre de perdre sa voix. Cette approche préventive est essentielle pour tous, mais particulièrement pour les professionnels de la voix en leur évitant des arrêts de travail à répétition.

Il est recommandé de consulter un médecin généraliste, un ORL, un phoniatre (médecin spécialiste des troubles de la voix et de la parole) ou un orthophoniste dès les premiers signes de fatigue vocale, de douleur dans la gorge ou au niveau du cou et surtout si la voix change ou s’en va. Plus la prise en charge est précoce, plus il est facile de modifier les comportements inadaptés et d’éviter des complications graves. Les enseignants, comme Valérie, sont particulièrement à risque en raison de la nature de leur travail. En apprenant à utiliser leur voix de manière appropriée, ils peuvent poursuivre leur carrière sans souffrir de problèmes vocaux chroniques.

CINQ CONSEILS EN ATTENDANT LE BILAN CHEZ L’ORTHOPHONISTE

1. S’hydrater régulièrement et suffisamment : Boire beaucoup d’eau tout au long de la journée peut aider à garder la gorge humide et à réduire l’irritation. Les tisanes chaudes avec du miel peuvent également être apaisantes.
2. Éviter de forcer la voix : Essayez de parler doucement et d’éviter de crier ou de parler fort. Utiliser un microphone en classe peut aider à réduire la tension sur les cordes vocales.
3. Se détendre au maximum : Des exercices de respiration et de relaxation peuvent aider à détendre les muscles du larynx. Par exemple, pratiquer des respirations profondes et lentes peut réduire la sensation de boule dans la gorge.
4. Utiliser des pastilles ou des sprays pour la gorge : Les pastilles à base de plantes ou les sprays peuvent aider à apaiser la gorge irritée. Assurez-vous de choisir des produits sans alcool pour éviter de dessécher davantage la gorge.
5. Maintenir une bonne hygiène alimentaire et vocale : Évitez les irritants comme la fumée de cigarette, la vapeur de la cigarette électronique, les vapeurs de peinture ou de solvants, la poussière de bois et les environnements poussiéreux en général. Utilisez un humidificateur dans les pièces sèches pour maintenir un bon niveau d’humidité. Limitez les aliments gras ou acides, mangez moins le soir pour éviter les remontées acides dans la gorge.

Ces conseils peuvent aider à soulager vos symptômes en attendant votre rendez-vous chez l’orthophoniste. Il est important de suivre les recommandations de votre ORL et de toujours consulter un professionnel de santé pour un suivi adapté.