Alma a 4 ans et demi et bénéficie d’un suivi orthophonique depuis le début de la moyenne section. Aujourd’hui son orthophoniste propose à ses parents de recevoir prochainement Alma avec 2 autres enfants âgés de 4 à 5 ans et demi pour des séances en petit groupe. Son père présent ce jour là, s’inquiète de la qualité des soins et du temps consacré à sa fille.
Comment Alma est-elle accueillie actuellement ?
Voilà déjà 5 mois qu’Alma bénéficie d’une séance d’orthophonie chaque semaine.
C’est à la rentrée scolaire de moyenne section qu’Alma a débuté les soins avec son orthophoniste. Un bilan réalisé au mois de juillet avait confirmé l’interrogation du pédiatre quant à son développement. Depuis septembre, elle bénéficie donc d’une séance individuelle chaque semaine.
Depuis Alma a déjà bien progressé concernant les objectifs fixés à l’issue du bilan : obtenir plus de sons pour être plus intelligible, développer ses demandes par des phrases plutôt que par quelques mots. C’est une enfant avec énormément de ressources (vocabulaire, compréhension). Alors que la grande section se profile et qu’Alma est plus en confiance, il faut continuer ce travail mais aussi aborder son inhibition. En effet, c’est encore difficile pour la petite fille d’oser parler en groupe, en dehors de la famille et à son maître.
Qui sont les autres enfants et pourquoi l’orthophoniste propose de les réunir ?
Les parents d’Alma ont souvent participé aux séances de leur fille. Même son frère aîné a été accueilli, avec l’accord d’Alma.
L’orthophoniste explique que deux autres enfants pourraient la rejoindre. Le premier est un garçon plus âgé de 6 mois qui a connu des problèmes de santé conduisant à une hospitalisation lors de ses deux premiers mois de vie. Très protégé par ses parents, Milan présente un manque de maturité, un décalage dans le développement de son langage et son vocabulaire en comparaison des enfants de sa classe d’âge. Lui aussi est déjà suivi 2 fois par semaine et nécessite encore un travail de son articulation concernant quelques sons. Désormais, il doit surtout apprendre à interagir avec d’autres sans se tourner vers ses parents. Milan tient encore parfois la main de sa mère lors des séances et attend trop souvent qu’elle réponde pour lui lorsqu’on lui pose une question. Le recours à la tétine a bien diminué mais pas encore disparu. L’orthophoniste a proposé de poursuivre une séance hebdomadaire en individuel et l’autre en groupe.
Enfin, Yaëlle vient de bénéficier d’un bilan. De deux mois plus jeune qu’Alma, elle est pleine de vie. Lors du bilan, elle s’est montrée très spontanée et intéressée par tout ce qui l’entourait. Cependant, son agitation motrice et son débit de parole associés à des sons manquants la rendent peu intelligible. Yaëlle doit aussi apprendre « le chacun son tour ». Ses parents se sont vus proposer ce groupe. Ils se montrés très intéressés par l’intérêt de confronter leur fille à d’autres enfants et adultes dans un cadre thérapeutique.
Alma bénéficiera t-elle d’autant d’attention qu’avant ?
Le suivi en groupe prend ici tout son sens. Chaque enfant peut apporter des ressources aux autres : l’envie à chacun de s’intégrer par l’échange, d’apprendre à prendre son tour de parole et au bon moment. Les sons à développer peuvent faire l’objet d’exercices intégrés dans le jeu.
Chaque famille a forcément ses propres stratégies avec son enfant mais peut apprendre des autres. Les parents pouvant manquer d’assurance oseront plus facilement reprendre des exemples expérimentés à plusieurs, de retour à la maison. Les questions des uns peuvent être celles des autres.
L’orthophoniste sera toujours là pour guider chaque enfant et parent dans cet apprentissage collectif. Avec la présence des parents en séance, elle peut aussi compter sur cet entourage si un enfant nécessite à un moment précis plus d’attention. D’expérience, elle sait également que les enfants vont vite trouver plaisir à partager avec les autres leurs réussites. Et quand on est félicité, c’est aussi par plus de monde, adultes et enfants.
Et si cela ne convient pas finalement ?
La semaine suivante, les parents d’Alma se disent prêts pour l’expérience. Ils ont été rassurés sur l’intérêt du groupe et la possibilité d’un retour à une séance individuelle s’ils le souhaitent. Les trois familles ont été informées de cette possibilité. L’orthophoniste leur propose de débuter dès que les ordonnances spécifiant une rééducation en groupe seront réunies. La rééducation en groupe répond à des règles précises. L’orthophoniste leur propose de débuter dès la semaine suivante et leur précise le cadre légal : 3 enfants pour 1 orthophoniste et un temps de rééducation d’une heure, minimum.
Pour la première séance, il a été proposé à chaque enfant de venir avec un objet très important pour lui (jouet, doudou, instrument de musique) afin de le présenter aux autres. Yaëlle a déjà dit qu’elle viendrait avec son harmonica et qu’elle avait hâte de jouer pour tout le monde. Alma et Milan sont plus « inquiets » mais savent que eux ont un avantage : ils connaissent déjà l’orthophoniste et les meilleurs jeux !
Un suivi en groupe n’est pas proposé pour «prendre plus de monde». Il a tout son sens pour certains patients, certaines familles, certains troubles et à un temps donné. C’est l’expérience des orthophonistes avec les patients qui peut les conduire à proposer une modification du cadre. Pour d’autres, c’est le bilan qui amènera le professionnel à proposer d’emblée ce type de suivi. Dans tous les cas, le cadre légal existe et les séances en groupe dureront une heure. Elles peuvent compléter un suivi individuel qui n’est alors pas remis en cause.