«Mon enfant a 15 ans et il ne peut pas parler. Son médecin nous conseille de consulter une orthophoniste pour voir s’il est possible de mettre en place un moyen de CAA.»

Qu’est ce que la CAA ?

La Communication Alternative et Améliorée (ou AAC, en anglais) regroupe tous les moyens qui peuvent faciliter la communication des personnes pour comprendre ou pour parler. La CAA peut être, par exemple, sous forme de signes, d’images (photos, pictogrammes), de supports pour écrire ou même de tablettes numériques. Toutes ces propositions permettent de communiquer plus facilement. Le rôle de l’orthophoniste sera de trouver le moyen de communication adapté aux possibilités de la personne, en tenant compte de son niveau de langage, de ses capacités de mouvements, de ses besoins de communication au quotidien. 

Plusieurs situations peuvent conduire à proposer des outils pour faciliter la communication.

Un ado polyhandicapé

Nathan a 13 ans, il présente un polyhandicap : il ne parle pas, se déplace en fauteuil roulant et ne peut pas bouger ses mains facilement. Depuis quelques semaines, il a intégré un EEAP (Etablissement pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés) ; il y passe la semaine en internat et rentre chez ses parents tous les weekends. Au centre, les professionnels ont du mal à le comprendre. Nathan s’exprime seulement avec des cris, des sourires et des pleurs. Ses parents expliquent qu’ils n’ont jamais ressenti le besoin de mettre en place un moyen de communication car ils le comprennent bien. Ils savent ce que signifie chacun de ses cris ou de ses interpellations. Ils  peuvent reconnaître quand il est content ou quand il a besoin de quelque chose.

Pour aider Nathan, les professionnels et les autres jeunes de l’EEAP à communiquer au quotidien avec lui,  l’orthophoniste de l’établissement cherche le moyen le plus accessible pour communiquer. Elle s’est d’abord entretenue avec l’adolescent et avec ses parents. Elle a également travaillé avec les professionnels de l’établissement afin d’identifier les besoins de communication de Nathan et les possibilités de mise en place de l’outil. Tout d’abord, Nathan souhaite communiquer plus facilement avec son entourage. L’orthophoniste commence par construire avec eux et Nathan un «passeport de communication». Il s’agit d’un carnet qui peut indiquer la manière dont Nathan manifeste son contentement ou son opposition, qui précise ses goûts, ses préférences, ses craintes, la manière dont il faut s’adresser à lui. Le passeport de communication permet aux gens qui ne connaissent pas Nathan de pouvoir comprendre la façon dont il communique. Il a aussi l’avantage d’offrir à Nathan l’occasion d’échanger avec des personnes sur ce qu’il aime, sur sa famille, sur ses activités. 

D’autre part, l’orthophoniste souhaite donner à Nathan l’occasion de faire le plus souvent possible des choix, en désignant du regard le pictogramme (l’image) qui représente ce qu’il désire. Par exemple, au moment du goûter, les professionnels du centre lui demanderont s’il préfère un yaourt à la vanille ou un yaourt au chocolat. Elle espère, au fil du temps, développer de plus en plus la communication de Nathan à l’aide de pictogrammes. Elle cherche les moyens de communication les plus adaptés en tenant compte des capacités cognitives de Nathan. L’ergothérapeute aidera à la mise en place de l’outil, par exemple, sur un fauteuil roulant.

Trouble du Spectre Autistique chez l’ado

Sami a 12 ans. Il présente un trouble du spectre autistique. Il prononce quelques mots et parfois des phrases mais qui ne sont pas toujours comprises par son entourage. Lui-même a souvent du mal à comprendre ce qu’on lui dit. Jusqu’à présent, quand il n’arrivait pas à se faire comprendre, il pointait du doigt ce qu’il voulait ou le montrait dans un cahier de pictogrammes créé pour lui quand il avait 7 ans. Mais ses besoins de communication sont différents aujourd’hui : il aurait besoin d’utiliser plus de mots, de construire des phrases plus élaborées et son orthophoniste a évalué que lui présenter des consignes sous forme imagée aidait Sami à mieux les comprendre. De plus, il est souvent très frustré de ne pas pouvoir se faire comprendre et cela occasionne parfois des colères difficiles à maîtriser. 

L’orthophoniste de Sami envisage de mettre en place pour lui un classeur de communication beaucoup plus complet. Ce classeur contiendra un nombre plus important de pictogrammes afin qu’il puisse construire facilement et précisément des phrases adaptées à la situation dans laquelle il se trouve. L’objectif sera également que son entourage utilise ce classeur pour faciliter la compréhension de Sami qui a besoin d’images pour mieux comprendre le langage. En parallèle, elle souhaite également évaluer si Sami saurait utiliser une tablette numérique contenant un logiciel de communication qui rendrait encore plus facile les échanges avec ses interlocuteurs. 

Ado et traumatisme crânien

Axelle a 16 ans. Il y a un mois, elle a eu un accident de scooter et a subi un gros traumatisme crânien. Elle s’est réveillée après 3 semaines de coma, mais pour l’instant elle est toujours intubée : le tube qui est dans sa bouche en permanence l’empêche de parler. Elle ne parvient pas non plus à bouger les bras. Elle semble bien comprendre ce qu’on lui dit et montre une grande souffrance de ne pas pouvoir parler. 

L’orthophoniste du service dans lequel elle est hospitalisée est venue l’évaluer et a constaté que les compétences d’Axelle en lecture et en production écrite étaient préservées. Elle lui propose alors d’utiliser une tablette numérique pour pouvoir s’exprimer. Cette tablette spécifique est équipée d’une commande oculaire qui permet d’utiliser l’écran grâce aux mouvements des yeux. Ainsi, Axelle pourra écrire ce qu’elle souhaite, en commandant avec ses yeux un clavier présenté sur la tablette. Cette tablette est également équipée d’une synthèse vocale qui énonce oralement le message écrit par Axelle. Dans les cas où la tablette n’est pas utilisable, par exemple quand elle n’a plus de batterie, Axelle a à sa disposition une pancarte cartonnée contenant les lettres de l’alphabet. Avec des clignements d’yeux, elle peut valider la lettre désignée par la personne avec qui elle échange afin d’épeler les mots qu’elle veut dire. 

Pour l’instant, il est impossible pour les médecins de prédire si Axelle pourra de nouveau parler et se déplacer. Néanmoins, elle dispose déjà d’un outil qui lui permet de s’exprimer et qui pourra s’adapter à son évolution. 

Quel que soit l’âge de l’enfant, il est toujours possible de proposer un moyen de communication adapté à ses compétences. Si un outil de Communication Alternative et Améliorée a déjà été mis en place quand l’enfant était plus jeune, il est toujours possible de le faire évoluer au fil des années pour l’adapter à son quotidien. La situation de difficulté de communication peut être temporaire ou définitive : quoi qu’il en soit, il est indispensable de conserver toutes les opportunités pour communiquer. L’orthophoniste accompagne la famille dans le choix de l’outil de CAA le plus approprié pour l’ enfant et dans sa mise en place au quotidien.