Son bébé pleure, il ne semble pas rassasié. Marie a des douleurs aux seins et les tétées semblent très longues. Elle se sent seule et désemparée.
Dans l’allaitement, il est primordial d’être bien accompagné
En dehors de certains cas (pathologies mammaires, prise de médicaments contre indiqués), toutes les femmes sont en mesure d’allaiter. Pour que l’allaitement fonctionne, l’enfant doit simultanément pouvoir téter, déglutir et respirer par le nez. Le bébé positionne sa langue sous le mamelon pour pouvoir le mettre en bouche. Il réalise une pression grâce à sa langue, ses lèvres, ses mâchoires et ses joues, permettant d’extraire le lait du sein.
Il est primordial qu’une maman soit bien accompagnée et conseillée dans l’allaitement. Chaque maman est différente et chaque bébé l’est également : cet accompagnement doit être personnalisé et doit respecter les choix des parents. Il faut apprendre à bien s’installer (pour éviter les douleurs et faciliter la prise au sein) ou encore savoir que l’on peut pratiquer un allaitement à la demande dès la naissance. Il faut écouter et observer son nourrisson. Tout comme la maman, le bébé a parfois besoin d’être guidé lors des premières tétées.
Cet accompagnement pourra être réalisé par une conseillère en lactation, une sage-femme, une puéricultrice ou une orthophoniste, toutes formées à l’allaitement. Le site internet de la Leche League permet également de répondre à beaucoup de questions. Il existe aussi des numéros verts gratuits : SOS allaitement, qui mettent les parents en relation avec des professionnels formés et compétents.
Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est que chaque maman fait ce qu’elle peut dans une démarche d’allaitement et doit se sentir libre d’arrêter si c’est trop difficile. Le conjoint ou tout autre membre de la famille peut être un vrai soutien et il peut être possible de mixer prise au biberon et au sein.
Les difficultés d’allaitement peuvent être liées à un frein de langue court
Parfois, malgré un bon accompagnement et après avoir appliqué tous les conseils, l’allaitement ne fonctionne pas ou ne suffit pas. Il faut alors se demander pourquoi, et rechercher une éventuelle cause anatomique ou fonctionnelle. Et si votre enfant avait un frein de langue court, qui le gênait dans la tétée ?
Pour estimer si le frein de langue gêne le nourrisson, le chirurgien maxillo-facial, l’ORL ou le stomatologue, parfois en binôme avec une orthophoniste, évaluent l’anatomie, les mouvements et les fonctions de la langue. Si l’enfant possède un frein court, cela aura des conséquences sur l’efficacité de la succion et de la déglutition. Ainsi, des difficultés lors de l’allaitement pourront être observées : douleurs et mauvaise prise au sein, longues tétées, absence de prise de poids, diminution de production de lait par la maman, reflux chez le bébé. Un enfant avec un frein court ou des difficultés de mobilité linguale pourra avoir la mâchoire inférieure (mandibule) un peu en retrait ou un palais trop étroit. Lors de l’allaitement, il aura tendance à mobiliser davantage ses lèvres et ses joues pour compenser les mouvements de langue.
Lorsque l’allaitement est difficile chez un nourrisson avec un frein de langue court, des conseils aux parents et un soutien à l’allaitement peuvent parfois suffire. Mais lorsque la succion est vraiment trop difficile à cause du manque de mobilité linguale, le frein de langue peut être sectionné dès les premiers jours de vie. Cette opération s’appelle la frénotomie. C’est une intervention réalisée jusqu’à l’âge de 6 mois. Elle n’est pas douloureuse et l’enfant peut être remis au sein immédiatement après l’opération. Dans les jours précédant l’opération, la maman doit être accompagnée dans son allaitement pour que celui-ci ne soit pas interrompu. Il faut alors retravailler la position du bébé pendant la prise au sein, surveiller son poids et éventuellement proposer à la maman de tirer son lait. Si votre enfant présente une hypersensibilité de la bouche et doit être opéré d’une frénotomie, une rééducation orthophonique préopératoire est souvent conseillée pour désensibiliser.
Et si ce n’est pas le frein ?
Attention, ce n’est pas parce qu’un frein de langue semble court, qu’il gêne systématiquement l’allaitement. L’enfant doit pouvoir mobiliser correctement sa langue pour optimiser les chances de réussite de l’allaitement, mais cela n’est pas une condition sine qua non au succès de cet allaitement. Il n’y a pas que la langue qui rentre en jeu. Ce n’est donc pas parce qu’un frein de langue est court qu’il entraîne systématiquement des difficultés d’allaitement.
En effet, la tonicité des lèvres et des joues a un rôle tout aussi important pour la prise au sein et la succion. Dans ce cadre, une rééducation orthophonique pourra être proposée à votre enfant dès la naissance, pour mobiliser les lèvres et les joues. Dans le cas de certaines malformations faciales comme la fente palatine, l’allaitement sera rendu très difficile. En effet, la déperdition de pression créé par la fente entraînera des difficultés de prises au sein. Dans ce cas, on conseillera à la maman de tirer son lait. Si l’allaitement est rendu difficile par des passages de lait par le nez, il faut consulter un chirurgien maxillo-facial. Cela peut être dû à une fente qui n’a pas été vue à la naissance ou à un dysfonctionnement de la partie postérieure du palais (voile du palais). Enfin, lorsqu’un enfant est né prématurément, l’allaitement peut être difficile. Pour une bonne prise au sein, la coordination succion-déglutition est obligatoire. Celle-ci est acquise à 36 SA. Ainsi, lorsque le bébé naît avant, cette coordination sera difficile et l’allaitement pourra s’avérer plus compliqué. La maman pourra alors tirer son lait et sera accompagnée.
Un bon accompagnement est primordial pour optimiser les chances de réussite d’un allaitement. Lorsque celui-ci s’avère difficile, il faut rechercher une cause anatomique ou fonctionnelle.