«Je suis la maman d’une petite fille de 5 ans. J’aimerais trouver des idées pour aider ma fille à apprendre des choses sur les nombres, en plus de l’école. Comment faire ?»
Les enfants, très jeunes, développent un intérêt spontané pour les quantités, les nombres et leurs relations. Dans une situation qui, a priori, n’est pas mathématique, ils ont tendance à remarquer naturellement les nombres mais chaque enfant pourra les aborder sous des angles variés et différents. Par exemple, en regardant des fleurs dans un parc ou dans le jardin de la maison, Sami pourra commenter « Il y a six tulipes et trois fleurs jaunes aussi », alors qu’Elsa pourra dire « Il y a beaucoup de pâquerettes, mais il n’y a pas beaucoup de tulipes » et Manon, de dire « Oh les jolies fleurs jaunes ! ». Tandis que Manon, par son commentaire, montre simplement un intérêt pour les fleurs, Sami montre un intérêt pour les quantités et Elsa montre un intérêt pour les relations entre ces quantités.
Si, dans le parc, les trois enfants partagent un goûter, peut-être qu’Elsa observera aussi que Sami a deux gâteaux de plus que Manon et que «ce n’est pas juste !». Elle continue ainsi à s’intéresser aux relations entre les quantités. Avant de sortir du parc, Elsa, Sami et Manon jouent à «1, 2, 3, soleil !» ou font la course et discutent ensuite de l’enfant qui est arrivé «le premier, le deuxième, le troisième». Dans la rue, Sami et Manon comptent les voitures garées en récitant la comptine des nombres. Les enfants vont naturellement inclure des mots-nombres dans leur langage et avoir envie de compter.
Il s’agit d’un intérêt naturel que les enfants développent dans la vie de tous les jours sans instruction directe au contact de leur entourage et en fonction des situations rencontrées. La famille ne tient évidemment pas le rôle de professeur de mathématiques. Toutefois, c’est par l’intermédiaire de discussions et de jeux autour des nombres que les enfants développent naturellement des capacités mathématiques.
Il existe beaucoup de façons de stimuler les capacités mathématiques des enfants dans la vie de tous les jours. En effet, les nombres font partie intégrante du quotidien et cela représente beaucoup d’opportunités de parler des nombres et de préparer ainsi son enfant à faire des activités mathématiques à l’école.
Écouter, réciter ou chanter ensemble des comptines
Les enfants, très jeunes, même s’ils ne parlent pas encore ou peu, apprécient d’écouter des comptines (ou chansons rythmées et répétitives). Dans beaucoup de comptines traditionnelles, il y a des nombres et les enfants mémorisent peu à peu des suites de nombres comme dans cette chanson enfantine bien connue : «1, 2, 3, nous irons au bois, 4, 5, 6 cueillir des cerises, 7, 8, 9 dans mon panier neuf, 10, 11, 12, elles seront toutes rouges».
On peut trouver d’autres comptines, chansons et petites poésies rassemblées dans des albums jeunesse illustrés, mises en musique (sur CD ou à télécharger en MP3, par exemple 40 comptines pour apprendre à compter, édité chez Éveil et Découvertes) et sur Internet. Maman et Papa peuvent aussi en inventer avec les objets et les mots de la maison.
Quelques exemples de comptines pour la suite des nombres :
1 fleur
2 fleurs
3 fleurs
Mets-les sur ton cœur !
1, 2, 3, ma petite maison en noix
4, 5, 6, ma petite maison en réglisse
7, 8, 9, ma petite maison en œuf !
Monsieur l’Ours, réveille-toi !
Tu as assez dormi comme ça.
Et à trois, attrape-moi :
Un, deux, trois !
Un chat gris dormait
Sur son dos dansaient
Cinq petites souris
Une, deux, trois, quatre, cinq
Le chat les a prises
Tant Pis !
Petit oiseau dans sa cage,
Voudrait faire un beau voyage
1, 2, 3, casse un barreau
4, 5, 6, vole bien haut,
7, 8, 9, cherche la fenêtre,
10, 11, 12, elle est ouverte :
Reviens vite petit oiseau
Tu as oublié ton chapeau !
Avec d’autres comptines, les enfants sont incités à associer les nombres à leurs doigts ou utiliser leurs doigts pour compter des objets ou encore effectuer des calculs simples mimés.
Exemple de comptine à raconter avec les doigts, pour commencer à faire du calcul ou compter à rebours :
Ils étaient 5 dans le nid et le petit dit : «Poussez-vous ! Poussez-vous !»
Et l’un d’eux tomba du nid.
Ils étaient 4 dans le nid et le petit dit : «Poussez-vous ! Poussez-vous !»
Et l’un d’eux tomba du nid.
Ils étaient 3 dans le nid et le petit dit : «Poussez-vous ! Poussez-vous !»
Et l’un d’eux tomba du nid.
Ils n’étaient plus que 2 dans le nid et le petit dit : «Pousse-toi ! Pousse-toi !»
Et l’un d’eux tomba du nid.
Il n’était plus qu’1 dans le nid et le petit dit : «Aaaah !»
Se promener avec son enfant et compter ce que l’on voit
Une activité simple est de compter les pas que l’on fait, les marches d’escalier que l’on monte ou que l’on descend ou encore compter ce que l’on voit ou l’on rencontre pendant une promenade, dans la rue, dans la forêt, pendant un voyage en voiture et même en faisant le tour de la maison. L’enfant peut compter des cailloux, des marrons ou des coquillages ramassés, des arbres, des motos, des cuillères, etc. en récitant la comptine ; il fait alors correspondre un mot-nombre à chaque objet. Si on lui demande ensuite «Alors, combien en as-tu ?» en l’incitant à redire le dernier nombre énoncé, on aide l’enfant à comprendre la notion de «cardinal», c’est-à-dire le total d’une collection d’objets. Papa ou maman peut aussi demander à l’enfant de ramasser cinq coquillages et deux galets par exemple sur la plage.
Cela peut donner lieu à des discussions spontanées sur les relations entre les quantités et amener les enfants à effectuer de petits calculs. L’enfant peut, par exemple, compter les voitures rouges et maman les voitures bleues croisées sur le chemin de l’école : l’enfant a alors à garder une quantité dans sa tête ou sur ses doigts, à ajouter 1 quand il croise une nouvelle voiture rouge ; puis, arrivés au bout de la rue, maman et enfant peuvent comparer qui en a compté le plus, le moins ou autant.
Pour les plus grands, on pourra essayer de lire les numéros de porte dans la rue ou, pendant un voyage en voiture ou en bus, les panneaux de limitation de vitesse, les panneaux indiquant la distance en km, les numéros des plaques d’immatriculation, etc.
Lire ensemble des livres illustrés
Les enfants aiment généralement beaucoup partager un moment de lecture avec leur père, leur mamie, leur tante, leur grand frère, etc. C’est un moment privilégié et une parfaite occasion d’apprendre plein de choses de façon ludique. Les livres permettent évidemment l’apprentissage de nouveaux mots et préparent à la lecture mais ils sont aussi parfois de bons outils pour développer concrètement et avec plaisir les compétences mathématiques des enfants.
Il existe de nombreux livres – disponibles dans le commerce ou dans les bibliothèques de quartier – qui permettent de développer des habiletés mathématiques. Ces livres ciblent divers âges et diverses compétences mathématiques comme la connaissance du nom des nombres (ex : 3 se dit trois), de la comptine (un, deux, trois, quatre, etc.), de calculs simples (ex : un et un font deux), de mots de vocabulaire mathématique (ex : plus, autant, devant, etc.).
Voici quelques exemples (liste non-exhaustive)
L’histoire du lion qui ne savait pas compter (édité chez Glénat) permet de découvrir l’importance de savoir compter et donne l’occasion aux enfants d’essayer eux-mêmes avec les illustrations. Le livre Maman ! (édité chez Ecole des loisirs) permet de s’entraîner à compter jusqu’à six dans le contexte d’animaux sauvages occupant de façon étonnante des pièces de la maison (ex : deux lions dans les toilettes). Dans Le livre à compter de Balthazar, à la recherche du lapin brun (édité chez Hatier Jeunesse), chaque double page présente un nombre de 1 à 10 à l’occasion d’une jolie histoire. Les jeunes enfants aiment souvent qu’on leur raconte les mêmes livres plusieurs fois ; et avec les livres à compter, la comptine sera ainsi répétée de nombreuses fois et mémorisée. Pour des enfants un peu plus grands, certains albums sont illustrés avec de grandes collections d’objets, ce qui permet d’entraîner la suite des nombres jusqu’à 100 ou de 10 en 10 comme dans le livre Compte jusqu’à 100 (des éditions Usborne).
Il existe d’autres livres qui s’appuient sur d’autres concepts mathématiques que le comptage. Le livre 10 petits pingouins (édité chez Hélium) illustre le concept de la soustraction (dix moins un égal neuf, neuf moins un égal huit, etc. jusqu’à ne plus rien rester). Le livre Dix petits amis déménagent (édité chez Ecole des loisirs) est un livre sans parole mettant en scène dix enfants qui, page après page, vont changer de maison, de pièce, d’étage, bricoler, décorer, se cacher, etc., illustrant ainsi les compléments à dix (par exemple : trois enfants dans la maison de gauche et sept enfants dans la maison de droite). Le livre Un éléphant sur la balançoire (édité chez Tourbillon) est une histoire amusante qui permet la découverte du principe de l’équivalence (par exemple : il faut 5 animaux d’un côté de la balançoire pour équilibrer la bascule avec un éléphant).
Au-delà des «livres à compter», conçus pour leur contenu mathématique, n’importe quel livre illustré peut faire l’objet d’un apprentissage naturel sur les nombres. C’est le moment d’aller fouiller parmi les livres de la maison. Par exemple, on peut arrêter la lecture de l’histoire quelques minutes, regarder les illustrations, commenter qui a le plus de cacahuètes entre l’éléphant jaune et l’éléphant bleu, compter les cacahuètes, calculer ce qu’il manque à l’un pour avoir autant que l’autre, etc. et reprendre le cours de l’histoire. Une prochaine lecture sera de nouveau l’occasion de s’arrêter sur une autre page, de regarder les illustrations et de poser des questions à l’enfant par exemple.
Proposer et faire ensemble des coloriages magiques ou des dessins en points à relier
Dans des petits cahiers de coloriage ou d’activités ludiques (que l’on trouve en grande surface, maisons de la presse, librairies, sur les aires d’autoroute) ou encore gratuitement sur Internet à imprimer, on peut trouver des coloriages où il faut remplir les parties du dessin selon un code couleur donné par des nombres pour découvrir l’image cachée (ou des activités de «peinture au numéro»). On peut aussi utiliser n’importe quel coloriage ou mandala, en ajoutant les «numéros» à la main et le code couleur. Les enfants s’intéressent aussi aux dessins en points à relier, qui font apparaître progressivement un personnage ou un objet. Ces petites activités peuvent être commentées par papa ou maman, ou être bien utiles quand l’enfant doit attendre quelque part, en s’occupant calmement, tout en étant stimulé sur la reconnaissance et/ou la suite des nombres.
Jouer ensemble à des jeux de société
Les enfants aiment généralement aussi beaucoup partager un moment de jeu avec leur mère, leur papy, leur oncle ou leur petite sœur. C’est un moment de détente et, parfois, de rire qui donne l’occasion d’apprendre dans le jeu.
Il existe de nombreux jeux – disponibles dans le commerce ou dans les médiathèques et ludothèques de quartier – qui permettent de développer des habiletés mathématiques. Ces jeux ciblent divers âges et diverses compétences mathématiques comme la reconnaissance des nombres écrits (ex : 6 est différent de 9), le comptage de petites quantités, la réalisation de calculs simples, etc.
Par exemple, jouer à des jeux de sept familles (qui comportent le plus souvent chacune six personnes) permet aux enfants de compter jusqu’à six, mais aussi de se familiariser avec les compositions de six. Par exemple, si un enfant collectionne la famille des tigres et qu’il a déjà quatre cartes «tigres», il doit pouvoir deviner (ou calculer !) qu’il lui reste encore deux cartes «tigres» à trouver pour compléter sa famille.
Jouer à un jeu utilisant un ou plusieurs dés (par exemple, Les petits chevaux, les jeux de l’oie, le Yam, les dominos, etc.) permet aux enfants de se familiariser avec les configurations (c’est-à-dire les quantités dessinées) qui sont toujours présentes de la même façon sur les faces d’un dé, de reconnaître très vite, par exemple, que ⚄ c’est cinq, sans avoir besoin de compter pour vérifier. Si la famille utilise deux dés dans le jeu, les enfants sont alors sensibilisés aux calculs de 1+1 à 6+6 : à force de les rencontrer et de les compter, les enfants deviennent plus habiles et rapides pour trouver le résultat.
Jouer à des jeux de cartes sur lesquelles des chiffres (ex : Uno, Skyjo, Rumikub, 6 qui prend, 2 sans 3, Quixx, Mille bornes, etc.) sont écrits permet aux enfants de se familiariser avec la forme écrite des nombres, de réaliser des suites, des calculs, etc. ; et ceux-ci deviendront bientôt très rapides pour reconnaître les nombres et les nommer.
Avec un jeu de cartes ordinaire, en enlevant éventuellement les figures (roi, reine, valet), le jeu traditionnel de la Bataille est aussi un bon moyen d’apprendre à comparer les quantités et de renforcer l’association entre la quantité dessinée et le nombre écrit en chiffres.
Pour des enfants un peu plus grands, un jeu de stratégie traditionnel africain comme l’Awalé, où il faut compter et distribuer des « graines », peut être l’occasion de jouer en famille, en développant le comptage et le raisonnement.
Au-delà des jeux conçus autour des nombres, n’importe quel jeu de société, jeu de ballon ou jeu de billes, dans lequel il y a des points à compter pour obtenir un score final est une occasion pour les enfants de s’entraîner aux calculs. Même le scrabble, un jeu de lettres, donne l’occasion aux enfants de manipuler les nombres ! Parfois, modifier ou simplifier les règles peut permettre que toute la famille joue, même le plus jeune.
Réaliser ensemble des activités
Réaliser des activités est aussi souvent très apprécié des enfants et permet d’utiliser les notions mathématiques en passant par la manipulation. Par exemple, préparer des cookies pour les cousins qui viennent à la maison demain est une occasion parfaite de partage et de stimulation : les enfants peuvent compter les aliments (ex : les œufs), mesurer les aliments (ex : farine en grammes, lait en millilitres, etc.) dans un verre mesureur ou sur une balance. Ils peuvent être amenés à multiplier ou diviser les quantités selon la recette initiale et le nombre de convives : par exemple, si la recette indique qu’il faut trois œufs pour quatre personnes, mais que l’on veut des cookies pour huit personnes, les enfants devront trouver une solution pour ajuster la quantité d’œufs (et des autres aliments). Les enfants peuvent aussi se répartir la quantité de pâtes et organiser les boules de pâtes à cookies sur l’espace de la plaque de cuisson. Enfin, les enfants peuvent aussi régler le four et mesurer le temps de cuisson (minuteur du four, horloge, sablier, etc.) avec l’aide de l’adulte qui supervise la recette. Cuisiner, c’est souvent beaucoup de plaisir, d’expérimentation et de recherche de solution pour les enfants !
Jardiner, bricoler, coudre, décorer sont des activités très stimulantes pour les enfants. Ceux-ci produisent quelque chose, ils partagent un moment avec un membre de la famille et ils vivent une situation d’exploration et de découverte qui les amène souvent à devoir compter, mesurer, calculer, etc.
Faire participer les enfants aux activités de la vie quotidienne telles que mettre la table, faire les courses, ranger les yaourts dans le réfrigérateur, saisir un digicode ou un numéro de téléphone, mettre les chaussettes par paire, plier le papier pour emballer un cadeau, accrocher un tableau, vérifier le niveau d’essence sont autant d’activités pendant lesquelles l’adulte peut faire des commentaires, demander de l’aide aux enfants et leur poser des questions sur les nombres et les quantités.
Les enfants, très jeunes, développent un intérêt spontané pour les quantités, les nombres et leurs relations. C’est par l’intermédiaire de discussions et de jeux avec leur entourage autour des nombres que les enfants développent leurs premières capacités mathématiques. Les nombres font partie intégrante du quotidien et cela représente de nombreuses opportunités de parler des nombres et de préparer ainsi les enfants à faire des activités mathématiques à l’école. Les bibliothèques et les ludothèques sont des lieux de ressources incroyables!
Si un enfant présente des difficultés à réciter la comptine des nombres, à reconnaître et nommer les nombres, à faire des calculs etc., malgré les stimulations apportées à la maison et les premiers apprentissages à l’école :
– Il est recommandé d’en parler avec l’enseignant ou l’enseignante qui pourra mettre en place des adaptations ou des stimulations personnalisées pour l’enfant.
– Si cela perdure, malgré le soutien à l’école, il est recommandé d’en parler au médecin traitant ou au pédiatre pour envisager un rendez-vous avec un orthophoniste. Les orthophonistes sont les professionnels de santé habilités à effectuer le bilan des capacités et des difficultés de l’enfant. Ils peuvent conseiller les parents pour les aider à développer un environnement stimulant pour les apprentissages mathématiques et/ou proposer si besoin une intervention orthophonique.