Les altérations de la déglutition dues à l’âge

C’est ce qu’on appelle la presbyphagie. Depuis quelque temps, ils remarquent qu’ils ont modifié leurs habitudes alimentaires. Ils ont ajouté plus de sauce à la viande pour être plus facile à avaler. Ils n’achètent plus de pain de campagne bien cuit car ils ont peur de la miette de pain qui reste coincée dans la gorge. Ils leur arrivent d’avaler de travers ou de ressentir une gêne au moment d’avaler. Ils doivent maintenant se concentrer davantage pendant ces moments de repas qui semblaient autrefois plus automatiques. On peut ajouter, avec l’âge, les dents qui s’abîment et peuvent faire mal. Pourtant, si en vieillissant le geste d’avaler évolue, les difficultés rencontrées par Franck et Marie ne sont pas une fatalité. L’orthophoniste peut les aider à préserver leurs compétences en s’adaptant aux changements liés à l’âge.

Déglutition et vieillissement

On entend plus souvent parler des  termes de presbytie pour le vieillissement de la vue ou de presbyacousie pour l’audition. Pour la déglutition, il y a la presbyphagie. C’est la fragilité ou l’altération naturelle et physiologique de la déglutition due à l’âge. Quand on vieillit, on perd de la force et nos mouvements sont plus lents. C’est ce qu’on appelle le vieillissement physiologique des tissus. Il en est de même pour les muscles impliqués dans la déglutition :  le tonus des muscles de la bouche, de la langue et du pharynx baisse. 
Il y a une dégradation de la qualité des gencives et des dents, des difficultés pour mastiquer, gérer les aliments dans la bouche (le bol alimentaire) et le réflexe de toux est diminué.
Avec l’âge, toutes les sensations baissent : la vue, le goût, l’odorat.

La presbyphagie est un état dû au vieillissement qui peut engendrer des troubles. Ils sont souvent minimisés et peuvent avoir plus ou moins d’intensité. On peut ajouter à ces troubles la présence de difficultés sensorielles, de difficultés de concentration et de mémoire. Cela a des conséquences sur l’autonomie et des effets sur l’alimentation. On peut avoir des difficultés à avaler (un trouble de la déglutition). Ceci entraîne parfois une malnutrition voire une dénutrition. Avec le temps, les goût changent, c’est normal. Pour les personnes qui mangent moins de viande, il faut rester attentif à la
quantité de protéines ingérée chaque jour. Pour les gens qui mangent moins, on peut penser à fractionner les repas pour avoir de plus petites quantités dans l’assiette. De grandes quantités peuvent parfois couper l’appétit.


C’est important de s’en préoccuper (soi-même ou l’entourage) dès que l’on observe que :

  • l’on met plus de temps pour manger
  • on a moins de salive
  • on ressent une gêne
  • on se détourne du repas car on perçoit moins le goût des aliments.

Que faire lorsque des difficultés apparaissent ?

On peut observer un ralentissement des gestes, une adaptation de la taille des morceaux, une nécessité de se faire soigner les dents plus souvent et/ou une toux occasionnelle. Ces signes sont considérés comme faisant partie du vieillissement normal.
Si les difficultés deviennent trop importantes, elles peuvent gêner le quotidien et causer un amaigrissement ou une perte de plaisir alimentaire. Si les personnes s’isolent et évitent les sorties lorsqu’un repas est prévu, qu’elles ne consomment plus certains aliments, qu’elles perdent du poids, il faut prendre ces difficultés au sérieux.
Elles peuvent mettre la personne âgée dans une situation de fragilité. Le risque principal est alors que la personne se détourne progressivement de l’acte de manger par inconfort et parfois même par peur de revivre une situation de blocage des aliments ou d’étouffement. En mangeant moins, elle peut s’exposer à la malnutrition voire la dénutrition qui a des conséquences graves sur la santé et sur le cerveau. 
Les compétences en déglutition s’entraînent, or quand on déglutit moins, la bouche s’assèche, les goûts des aliments sont moins évidents et le geste de déglutition lui-même est moins efficace.
Pourtant, si la personne trouve de nouvelles stratégies pour soulager ses efforts et si son entourage en a conscience et s’adapte, la personne âgée peut continuer à prendre du plaisir à manger et s’hydrater en toute sécurité.

Si vous vous trouvez dans cette situation : 

  • Continuez de préparer vous-même vos repas ou à participer à leur élaboration, épluchez les légumes, préparez les poissons, découpez les filets de viande, épluchez un fruit.
  • Poursuivez les moments conviviaux autour du partage des repas, avec votre famille, votre entourage proche, ne fuyez pas les sorties au restaurant ou cantine sénior
  • Prenez votre temps pour découper, mastiquer les aliments avant de les avaler, penchez votre tête vers l’avant (Le menton basculé vers la poitrine) plutôt qu’en arrière au moment où vous avalez.
  • Hydratez-vous : en dehors des repas et lors des repas, buvez entre les plats, plutôt qu’en mangeant 
  • Continuez à observer une bonne hygiène bucco-dentaire : brossage des dents, des dentiers, rinçage de la bouche, rendez-vous chez le dentiste de façon régulière au moins deux fois par an et dès que vous avez mal ou que vous perdez un morceau de dent ou que votre dentier vous gêne ou vous blesse

Pour l’entourage:

  • Soyez attentif à l’allongement du temps des repas de votre proche vieillissant et veillez à aborder le sujet en recherchant ensemble la cause
  • Veillez à surveiller l’état bucco-dentaire de votre parent, notamment l’apparition d’une mauvaise haleine
  • Continuez à organiser des repas en famille à la maison, veillez à préparer des plats en sauce, à sélectionner des aliments tendres, à organiser des sorties au restaurant, ne simplifiez pas trop vite les plats sans conseil orthophonique préalable (moulinette). Privilégiez des ateliers repas pour ré-investir le temps de cuisine d’un nouveau point de vue.
  • Surveillez l’émergence d’une toux pendant les repas mais aussi en dehors des repas

Quand s’inquiéter?

  • Vous ou votre proche avez des difficultés pour boire et/ou manger
  • Vous ou votre proche faites des fausses-routes fréquentes
  • Vous ou votre proche toussez pendant et en dehors des repas
  • Vous ou votre proche ressentez une perte d’appétit
  • Vous ou votre proche perdez le plaisir à manger
  • Vous ou votre proche n’avez plus envie de cuisiner, notez un changement de surveillance des denrées alimentaires

La presbyphagie primaire doit être repérée le plus tôt possible.
Des professionnels de santé (médecin généraliste, O.R.L) pourront vous renseigner, vous accompagner et définir le meilleur parcours de soins.
Un orthophoniste sera en mesure de dire si les difficultés rencontrées sont réversibles ou nécessitent une prise en soins particulière. Il pourra vous conseiller vous et votre proche, vous orienter et vous accompagner dans votre quotidien.  Si besoin, Il fera un bilan sur l’état de la déglutition, vous accompagnera et pourra prévenir les complications.

En cas de doute ou si vous observez un ou plusieurs de ces signes : parlez-en à un orthophoniste.

Il y a un lien entre fragilité neurologique, cognitive, sociale, déficit sensoriel et perte de l’autonomie, notamment sur le plan alimentaire. L’essentiel est de garder le plaisir de s’alimenter en toute sécurité.

Difficultés à déglutir votre salive, allongement du temps des repas, perte d’appétit, toux fréquente, inconfort lors du passage des aliments, sensation de gêne, difficultés à mâcher, sécheresse buccale, besoin d’assaisonner plus, si ces signes, bénins ou sévères vous interpellent et vous inquiètent, parlez-en à un orthophoniste. Professionnel de santé expert en déglutition et oralité alimentaire, il pourra répondre à vos questions, vous conseiller et si besoin vous accompagner pour vieillir comme vous le souhaitez.

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