Adèle a 65 ans, elle est active et sociable. Elle remarque depuis quelques mois qu’elle a du mal à communiquer avec ses proches. Quand il y a plusieurs interlocuteurs, elle doit faire un effort et se concentrer sur le visage de la personne qui parle pour la comprendre. Pourtant, si en vieillissant la communication évolue, les difficultés d’Adèle ne sont pas une fatalité.
Communication et vieillissement
En prenant de l’âge, la mémoire, la concentration, l’organisation des idées, la réflexion, toutes nos fonctions cognitives peuvent demander plus de temps. Or nous avons besoin de toutes ces fonctions pour trouver nos idées, choisir nos mots, mémoriser une information et comprendre les messages. Voilà pourquoi la communication devient plus difficile. En vieillissant, nos fonctions cognitives ne fonctionnent pas moins bien mais sont plus lentes. Les seniors peuvent observer des difficultés à trouver leurs mots, à suivre une conversation. Et ce d’autant plus quand il y a du monde et du bruit!
Le vieillissement de l’audition
Le vieillissement de l’audition est appelé presbyacousie. Chez Adèle, cela provoquait des difficultés pour comprendre les conversations. Elle avait l’impression de comprendre de travers et elle se sentait exclue. Adèle se vexait régulièrement. Elle se renfermait sur elle-même quand elle recevait ses amis.
Pour Adèle, l’orientation vers un O.R.L. puis un audioprothésiste lui a permis d’avoir un appareillage auditif et d’améliorer son audition et sa communication. Quand on met en place des appareils alors que la surdité est déjà installée depuis longtemps, cela augmente les risques de dépression et les troubles de la mémoire. Une surdité non appareillée engendre des troubles de l’humeur et des troubles cognitifs. Plus tôt l’appareil est mis en place, plus il est efficace et mieux il est supporté. L’adaptation aux appareils demande un certain temps, différente pour chacun.
Le vieillissement de la voix
De son côté, Pascal chante dans une chorale. Il remarque que sa voix change, elle est plus faible, fatiguée, il ne parvient plus à chanter aussi longtemps qu’avant. Il observe les mêmes difficultés lorsqu’il doit parler.
Ses amis lui ont dit qu’il n’y avait rien à faire, “on ne peut pas lutter contre le vieillissement!” lui disent-ils.
Pourtant en échangeant avec l’orthophoniste de son petit-fils, Pascal a découvert qu’en vieillissant la voix changeait : cela s’appelle la presbyphonie. Au même titre que la vue, la voix vieillit. Si on s’en occupe et si notre entourage nous accompagne, on peut continuer à vivre comme on le souhaite. Avec quelques conseils donnés par un orthophoniste et de nouvelles habitudes, Pascal a pu reprendre son loisir. Même si sa voix n’est plus la même, il se fatigue beaucoup moins en parlant et en chantant.
Que faire lorsque ces difficultés apparaissent ?
La presbyacousie, la presbyphonie, la lenteur pour parler, les difficultés pour suivre les conversations, le manque du mot, les difficultés à entendre… tous ces signes peuvent être considérés comme faisant partie du vieillissement normal.
Mais si les difficultés sont trop importantes, elles viennent gêner le quotidien et empêchent
la communication. Si les personnes ne prennent plus part aux conversations, il faut prendre ces difficultés au sérieux.
Elles peuvent mettre la personne âgée dans une situation de fragilité. Le risque principal est alors que la personne arrête de faire les activités qui lui plaisent, ne participe plus aux conversations, se sente moins intéressante et se mette en retrait.
En parlant moins, elle peut perdre l’habitude de communiquer. Les compétences en communication s’entraînent, or quand on communique moins, l’envie d’échanger est moins forte, on perd l’habitude de trouver ses mots et ses idées, on ne parvient plus à prendre la parole dans le tour de rôle de la communication, tout cela vient amplifier les difficultés : c’est un cercle vicieux.
Pourtant, si la personne trouve de nouvelles stratégies pour soulager ses efforts et si son entourage en a conscience et s’adapte, la personne âgée peut continuer à participer à la communication.
Ces difficultés peuvent être réversibles et un orthophoniste peut accompagner les personnes et leur entourage dans le vieillissement.
Si vous êtes une personne concernée par ces difficultés :
- Continuez à échanger avec vos proches, avec de nouvelles personnes, de tout âge, n’arrêtez jamais de communiquer.
- Restez en lien avec les personnes éloignées, par téléphone, ou par écrit, ou juste par la présence, prenez des nouvelles de vos proches.
- Continuez à vous informer sur ce qu’il se passe autour de vous : continuez à vous informer sur l’actualité, sur les domaines d’intérêt que vous avez (lisez le journal, regardez des émissions sportives)
- Partagez des activités à plusieurs : jeux, discussions, cuisine, courses : toutes les occasions du quotidien peuvent être partagées et sont l’occasion d’entraîner votre communication.
Pour l’entourage
- Laissez le temps à votre proche de formuler ses idées et de trouver ses mots. Vous pouvez faire des pauses pour que la personne ne perde pas l’habitude de chercher ses mots. Ne lui coupez pas la parole.
- Reformulez d’une autre manière si la personne n’a pas compris, plutôt que de répéter. Regardez le bien en face quand vous lui parlez, il pourra capter des indices sur votre bouche et lire sur vos lèvres.
- Appuyez-vous sur la communication non-verbale : les gestes, la mélodie de la voix, les expressions du visage. Ils viennent appuyer le message et favoriser la communication.
- Formulez une idée à la fois : faites des phrases plus simples et plus courtes. Attirez l’attention de votre interlocuteur en commençant votre phrase par son prénom. Cela lui permettra de s’intégrer plus facilement à vos échanges.
- Aidez la personne à continuer ses activités, même si cela nécessite quelques aménagements (l’accompagner en voiture au club ou à une association sportive), faire de la gym douce ou du yoga pour continuer une activité sportive.
Quand s’inquiéter?
Vous ou votre entourage remarquez
- Un changement de comportement et ce changement est inquiétant : agressivité, indifférence
- De moins en moins de sorties quotidiennes
- une mise à l’écart des conversations
- Beaucoup d’efforts à faire pour communiquer
- Des difficultés récentes pour parler (mots sur le bout de langue, difficultés pour articuler, confusion ou utilisation d’un mot pour un autre)
- La voix se dégrade et son utilisation est réduite
- Un arrêt de certaines activités car sentiment de ne plus se sentir assez compétent
Ces signes peuvent inquiéter les personnes âgées et leur entourage car ils peuvent évoquer certaines maladies neurodégénératives. Dans ce cas, il ne s’agit plus de vieillissement normal mais de troubles qui demandent la prise en soins la plus précoce possible. Des professionnels de santé (médecin généraliste, neurologue, O.R.L) pourront renseigner, accompagner et définir le meilleur parcours de soins.
Un orthophoniste sera en mesure de dire si les difficultés rencontrées nécessitent une prise en soins particulière. Il pourra conseiller, orienter et accompagner.
En cas de doute ou si vous observez un ou plusieurs de ces signes : parlez-en à un orthophoniste.
Difficultés à trouver ses mots, à suivre une conversation, à parler, si ces signes, bénins ou sévères vous interpellent et vous inquiètent, parlez-en à un orthophoniste. Spécialiste de la communication et du langage, il pourra répondre à vos questions, vous conseiller et si besoin vous accompagner pour vieillir comme vous le souhaitez.
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