Malgré sa bonne forme physique, il s’aperçoit qu’il rencontre, de plus en plus souvent, des difficultés à s’organiser dans les différentes tâches du quotidien, à suivre et retenir les informations vues ou entendues, à faire des choix.
Les altérations du fonctionnement cognitif dues à l’âge
Notre cerveau, magnifique machine de précision, fonctionne grâce à de très nombreux neurones. Nos sens leurs envoient des informations, ils les intègrent et les transmettent pour gérer tous les aspects de la vie : respirer, bouger, se nourrir, réagir, parler et réfléchir.
Avec l’âge, les neurones se «fatiguent», tout comme le corps. Leur fonctionnement devient moins fluide, moins rapide et nous en ressentons les effets. Par exemple, le besoin de noter les rendez-vous, la liste des courses ou des choses à faire. Ces notes permettent de ne pas oublier les activités et de mieux les hiérarchiser. On ressent le besoin de prendre plus de temps pour effectuer une tâche demandant de la concentration comme organiser un déplacement, faire une recherche sur internet ou simplement faire ses comptes.
Même si ce vieillissement est naturel, il entraîne un sentiment de faiblesse, d’être perdu : les gens disent souvent «j’ai de plus en plus de mal avec ma mémoire», avec la pensée. Cette fragilité n’est pas une fatalité et elle peut être atténuée. L’entretien du cerveau, comme l’entretien du corps est une nécessité. La prévention et l’orthophonie y aident.
La cognition et les fonctions exécutives
La cognition regroupe tous les processus d’utilisation de nos connaissances pour interagir avec notre environnement.
Le vieillissement de la vue, c’est la presbytie, pour l’ouïe, c’est la presbyacousie.
Le vieillissement de la cognition s’appelle le ralentissement idéatoire.
Nos pensées sont moins «rapides» à s’organiser, à être formulées, tant dans notre tête que lorsqu’on souhaite les exprimer. Le langage et la communication nous demandent plus d’efforts pour donner un message clair et les activités comme le bricolage sont plus longues.
Les fonctions exécutives représentent notre boîte à outils : ils regroupent différents outils comme :
- la planification (organisation de la tâche, du discours)
- le contrôle attentionnel (concentration, gestion de l’impulsivité, inhibition)
- la flexibilité (capacité à changer d’activité, à s’adapter à un environnement)
- la mémorisation (apprendre des nouvelles choses comme se souvenir d’éléments récents ou anciens).
Avec le ralentissement idéatoire, ces fonctions deviennent plus lentes à utiliser. Elles sont plus «coûteuses» et entraînent une fatigue.
Si le bien-être (la santé mentale) et la santé physique occupent une grande place dans l’idée qu’on a de s’entretenir pour bien vieillir, la santé cognitive est primordiale puisqu’elle soutient nos capacités à la vie sociale et la communication, les tâches d’organisation au quotidien, et de nombreuses activités de loisirs.
On peut les entretenir pour qu’elles restent les plus efficaces possibles.
Si je ne fais rien ?
Le vieillissement se prépare bien en amont du déclin.
Bien vieillir c’est bien s’y préparer. Les activités sportives, la vie sociale, la gastronomie, la cuisine, le bricolage, l’organisation des comptes et des agendas se pratiquent bien avant la retraite. La prévention passe donc par une hygiène de vie constante à tout âge.
Les effets de l’âge, comme le ralentissement de la réflexion ou le défaut de mémorisation, font partie du vieillissement normal. Pourtant, on peut freiner ses effets.
Même s’il est normal de vieillir, si nous n’entretenons pas nos compétences, nous risquons d’accélérer les effets négatifs et de favoriser l’apparition de difficultés.
on peut se dire :
«j’ai du mal à savoir comment m’organiser pour aller à tel endroit, alors je n’y vais plus», «j’ai du mal à suivre les différentes activités de mes petits-enfants alors je n’y participe plus, je ne demande plus trop de nouvelles», «j’ai du mal à mémoriser les nouvelles informations alors je ne m’intéresse qu’à ce que je connais» ou encore «j’ai noté mes mots de passe et les dates d’anniversaire mais je ne pense pas à regarder mon carnet, l’agenda» et souvent «tout me semble rapide ou confus, je ne suis plus sûr donc je ne prends plus de décision. Je laisse faire les choses, les événements se produisent sans que je les anticipe».
Un cercle vicieux se met alors en place. La pensée et la réflexion sont plus longues à se mettre en mouvement. Elles créent une inertie qui les aggrave et entraîne de l’isolement. Cet isolement réduit les situations sociales et les chances d’utiliser sa pensée et sa réflexion. Cette situation peut aller jusqu’à l’apathie et être assimilée à de la dépression, amenant à un traitement médicamenteux qui pourrait être évité.
Tel un sportif qui va entretenir son corps, il est important de prendre soin de sa cognition, «d’entraîner» son cerveau. Avec des adaptations, des nouvelles stratégies mais aussi en continuant de se stimuler lors de situations sociales, de créer des situations où on va réfléchir, se concentrer, même sur des choses simples dans le quotidien.
Que puis-je faire ?
Continuez à gérer les aspects administratifs de votre foyer :
triez vos factures lorsqu’elles arrivent, payez-les rapidement puis classez-les. N’hésitez pas à noter sur un agenda les dates de déclarations ou des règlements à venir. Mémorisez en notant et en anticipant les tâches à venir grâce à leur régularité. Faites vos comptes et demandez de l’aide, si besoin pour vous familiariser avec les nouvelles technologies. Notez les explications qui vous semblent complexes, vous pourrez les relire et gagner en autonomie.
Faites les courses et préparez les repas sont aussi des activités stimulantes pour le cerveau.
Stimulez votre mémoire :
partagez votre vécu avec votre famille et vos proches, racontez vos souvenirs plus ou moins lointains, en vous aidant de photos, par exemple. Vous pouvez aussi prendre un texte (poème, chanson, films) que vous aimez et efforcez-vous à apprendre une ou deux phrases régulièrement sur une semaine, celles des jours d’avant, ainsi de suite.
Tenez à jour vos rendez-vous de santé :
faites le point sur votre audition, la vue, les dents. Vos sens sont importants. Vos émotions le sont aussi, n’hésitez pas à consulter un psychologue si vous avez besoin de parler de la maladie, de deuils.
Restez informé et curieux,
en variant les sources d’informations (TV, journal papier, internet) sur un même thème. Relire une même information sous différentes formes permet de bien la comprendre et de la mémoriser. Cela pourra ainsi être aussi un sujet de discussion avec votre entourage. Cela permet aussi de mieux appréhender le monde qui vous entoure et les changements qui le rythment et le façonnent. Vous pouvez aussi mettre en place un lien «journal de vie» comme Famileo* afin de partager plein de sujets avec vos proches.
Poursuivez vos activités usuelles et/ou apprenez-en de nouvelles :
que ce soit dans les loisirs (dessin, peinture, chorale, musique) ou les jeux (de cartes, scrabble, domino, mots fléchés, club de lecture) mais aussi via le bricolage, le jardinage ou encore des activités en groupe à travers le bénévolat, les clubs de marche, de dégustation, de lecture.
Sortez, bougez :
musées, promenades, théâtre, cinéma, sport. Suivez le proverbe «un esprit sain dans un corps sain» et lancez-vous à organiser vos déplacements et/ou ces activités.
Que faire pour vos proches qui vieillissent ?
Soyez attentif à accompagner votre proche
pour qu’il fasse lui-même et ne faites pas à sa place les tâches administratives ou même celles simplement du quotidien. Aidez-le à la prise de décision quand il est face à un choix et que vous le sentez déstabilisé.
Demandez-lui son avis
pour l’organisation de l’emploi du temps, pour le choix des activités ou encore sur des sujets partagés (en regardant ensemble les informations, en discutant et s’interrogeant mutuellement pour mieux la mémoriser). Cela permet aussi d’échanger les points de vue et apporter de la flexibilité.
Demandez-lui de l’aide
pour vous accompagner dans une sortie, pour la façon de s’organiser ou même pour les activités de la maison (lessive, ménage, courses…).
Discutez de tout :
vos souvenirs communs, ceux de vos proches, vos activités. Variez les sujets.
Faites des activités ensemble :
sorties, jeux de société et notez ensemble dans l’agenda ce que vous avez fait ou ce qu’il y aura à faire : pour garder à la fois une trace, un souvenir mais aussi entraîner le geste d’écriture et enfin, permettre d’anticiper les prochaines activités.
Servez-vous de votre quotidien pour trouver de quoi vous stimuler.
Quand s’inquiéter ?
Dans la vie quotidienne, quelque soit votre état physique ou mental, si vous éprouvez des difficultés à :
- vous repérer dans l’espace et le temps
- vous concentrer et s’organiser dans les activités de tous les jours
- mémoriser des informations sur le court ou le long terme
- bouger et rester actif
- garder du plaisir dans les activités habituelles et les entretenir
- apprendre des nouvelles choses et vous tenir informer
- demander de l’aide pour les formalités administratives
Si vous observez un ou plusieurs de ces signes, c’est le bon moment pour en parler avec un orthophoniste. Cette fragilité peut être atténuée mais l’installation d’une pathologie nécessite un accompagnement orthophonique.
Le vieillissement entraîne des difficultés naturelles de fonctionnement dans sa façon de penser. Le ralentissement idéatoire observé se traduit par une mémorisation moins fiable, plus difficile à mettre en place, mais aussi des difficultés à s’organiser, à planifier une activité quotidienne, à échanger avec des gens ou à prendre une décision. Le cognitif, activité de notre cerveau, doit être stimulé pour conserver ses capacités. Il existe plein de stratégies pour permettre de garder un fonctionnement efficace.
Si vos difficultés entravent votre quotidien de façon récurrente, parlez-en à l’orthophoniste, professionnel de santé expert en cognition et en fonctions exécutives. Il vous conseillera, vous orientera et il vous proposera des soins orthophoniques si vous en avez besoin.
Vieillir est une étape de la vie. Vous pouvez bien vieillir, comme vous le souhaitez, à condition de bien s’y préparer.