À la suite d’un accident de la voie publique, Valérie a été hospitalisée pour un traumatisme crânien. Les activités qui lui semblaient automatiques et naturelles sont désormais compliquées pour elle.
Le traumatisme crânien et ses conséquences
Le traumatisme crânien concerne environ 160 000 cas par an en France chaque année. Ce choc reçu à la tête entraîne un trouble de la conscience. Il affecte le langage, la mémoire, l’attention, la communication, provoque des retentissements sur la vie quotidienne et génère des situations de handicap.
Les lésions cérébrales peuvent entraîner des ralentissements ou des blocages sur les capacités mentales qui nous permettent de planifier un projet, nous organiser, maintenir notre attention sans nous laisser distraire, faire plusieurs activités en même temps. On les appelle les fonctions exécutives.
Valérie a beaucoup de mal à s’adapter à une nouvelle situation ou à un nouvel environnement.
Simon, son mari témoigne : « lorsque Valérie doit suivre une recette de cuisine, il lui arrive souvent d’oublier quel ingrédient elle était en train de chercher. Elle ne sait plus comment faire, ni comment s’y prendre et finit par me demander de l’aide ».
Un traumatisme crânien impacte la communication des personnes avec leur entourage.
Valérie parle de ses difficultés : « c’est difficile pour moi de discuter avec ma famille, je cherche très souvent mes mots. Le pire c’est quand il y a plusieurs personnes avec moi, je n’arrive pas à comprendre tout ce que l’on me dit ni à suivre les conversations. Cela me fatigue très vite et j’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas ce qu’il m’arrive. ».
Un handicap invisible
Les conséquences du traumatisme crânien ne sont pas visibles. La personne, qui a des séquelles, n’a pas forcément des troubles qui se voient. Pourtant, les troubles de la communication et des fonctions exécutives sont extrêmement handicapants.
Simon sentait que quelque chose n’allait pas : « j’avais l’impression qu’elle avait entièrement récupéré mais je trouvais que son comportement avait changé. Elle était plus irritable, elle n’avait plus de filtre, disait des gros mots, ce qui ne lui ressemblait pas du tout ». Les compétences sociales de Valérie étaient modifiées par ses difficultés attentionnelles.
« Désormais, mon mari comprend mon fonctionnement et il peut s’adapter, nous raconte Valérie. C’est souvent plus difficile avec mes amis. Quand je discute avec eux, j’ai peur qu’ils me trouvent stupide. Je n’arrive pas à assumer ces difficultés et à leur en parler. Ils ne se moquent pas de moi mais ils n’ont juste pas conscience de mes difficultés et cela me fait souffrir ».
Des solutions pour récupérer, accompagner l’entourage et s’adapter au handicap
Les lésions cérébrales peuvent provoquer des troubles divers, plus ou moins handicapants. Certains troubles peuvent se résorber, d’autres nécessitent d’adapter l’environnement de la personne afin de lui permettre de reprendre une vie épanouissante : communiquer et partager avec son entourage, reprendre ses loisirs et ses activités, retourner au travail, conduire à nouveau.
La rééducation orthophonique des troubles cognitifs et linguistiques a pour but de restaurer les capacités de communication impactées par les troubles de la mémoire, de l’attention et des fonctions exécutives. L’intervention orthophonique prendra en compte la personne dans sa globalité.
L’orthophoniste proposera des aides en fonction des besoins, des envies, des capacités, des objectifs de vie et du milieu du patient et de son entourage. Elle sera donc adaptée à chacun, évoluera au fur et à mesure des progrès du patient et en lien avec les autres professionnels qui l’accompagnent.
C’est Simon qui a demandé à Valérie de prendre RDV chez un orthophoniste. Les difficultés de sa femme se répercutaient sur leur vie sociale. Simon devait s’occuper seul de l’organisation de la maison et des rendez-vous médicaux de sa femme. C’était très lourd pour lui. Sa femme n’acceptait pas l’aide des autres. La rééducation orthophonique a permis de travailler sur les compétences sociales de Valérie, elle peut mieux s’organiser et se contrôler lorsqu’elle communique.
La prise en soin orthophonique a pu également prendre en compte Simon : « Je comprends maintenant que je suis le mieux placé pour l’aider dans son quotidien. Je la comprends mieux et je peux respecter son rythme. Cela m’a fait du bien de connaître ses difficultés mais également d’être écouté. J’ai aussi pu me rapprocher d’associations d’aidants et de personnes victimes de traumatismes crâniens. Ensemble nous nous soutenons et nous partageons les bons conseils ».
Un parcours de soin pluriprofessionnel des solutions adaptées à chacun
La rééducation individuelle n’est pas la seule solution. La réadaptation et les aménagements se font grâce au travail conjoint de tous les professionnels de santé.
Gilles est biologiste et a eu un long arrêt de travail. Avec l’équipe du service de soin et de réadaptation qui l’a suivi lors de son rétablissement, il a pu préparer sa reprise du travail. Avec l’équipe qu’il a rencontrée (médecins, orthophonistes, neuropsychologues, ergothérapeutes, assistants sociaux) il a pu cibler un travail très concret sur ses besoins.
Afin de reprendre son travail dans les meilleures conditions, son collègue et lui ont réfléchi à mettre en place des fiches lui permettant de s’organiser, de noter et suivre les étapes de ses protocoles. Grâce à cela, il peut reprendre toutes les tâches qu’il faisait auparavant. « Je me sens à nouveau valorisé! J’étais impatient de retrouver mes collègues et mon travail ».
Cependant, ces adaptations lui demandent un effort considérable. « Quand je rentrais chez moi, j’étais épuisé. La seule chose dont j’avais envie c’était de m’allonger pour recharger les batteries ». Aidé par un assistant social du service de SSR, il a pu obtenir un temps partiel de son employeur.
« Désormais mes journées de travail sont moins longues. Je retrouve un meilleur équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée ».
Chaque individu pourra trouver la solution qui lui convient le mieux. Des professionnels l’aiguilleront vers des solutions plus concrètes : appartements thérapeutiques, cours de conduite adaptés, accompagnement par des associations de patients traumatisés crâniens ou des associations d’aidants.
Les conséquences d’un traumatisme crânien sont multiples. Elles impactent de manières très diverses le quotidien des personnes et de leur entourage ainsi que la reprise d’une activité professionnelle.
Très souvent, ce handicap est invisible. Il est souvent possible de récupérer en bénéficiant de suivis par des professionnels de santé. La prise en soin orthophonique aura pour objectifs de travailler sur les troubles de la communication en prenant en compte les difficultés attentionnelles, de mémoire ou des compétences sociales.
Quand des difficultés persistent, il est nécessaire que l’entourage du patient apprenne à connaître ses difficultés. Un parcours de soin, entouré par plusieurs professionnels qui prennent en compte les demandes et les besoins de chaque personne et de son entourage, est essentiel.