Si le patient mange des repas mixés, c’est parce qu’un AVC peut créer des problèmes pour avaler les aliments et les liquides (boissons et salive). On parle de troubles de la déglutition, et parfois de fausse route.
Qu’est-ce qu’une fausse route ?
Une fausse route, c’est ce qui se passe quand on avale de travers : quand les liquides ou les solides, au lieu de se diriger vers l’estomac, vont en direction des poumons. On comprend bien que si cela arrive, il y a un gros problème : rien ne doit se retrouver dans les poumons, à part l’air que l’on respire.
Il y a des signes qui montrent qu’il s’est produit une fausse route :
– tousser
– se racler la gorge
– avoir une voix différente
– se sentir gêné au niveau de la respiration
Tout cela lorsqu’on mange ou lorsqu’on boit.
Parfois, ces signes n’apparaissent pas de manière évidente, on parle de fausse route « silencieuse ». Les indices de fausse route arrivent alors en dehors du repas, par exemple avec une fièvre inexpliquée, un encombrement pulmonaire.
Pourquoi c’est important de faire attention à tout ça ?
À cause de l’AVC, le cerveau peut avoir du mal à contrôler certains mouvements. Par exemple pour marcher, pour bouger une main ou un bras, ce qui est fréquent après un AVC. Mais il peut aussi avoir du mal à contrôler les muscles qui servent à manger et à avaler.
Au fond de la bouche, en haut de la gorge, il y a deux conduits : un qui se dirige vers l’estomac (l’œsophage) et un qui se dirige vers les poumons (la trachée). Les muscles doivent faire passer ce qu’on a dans la bouche du bon côté, vers l’estomac. S’ils n’y arrivent pas bien, les complications sont nombreuses : infections pulmonaires, dénutrition, déshydratation, baisse de la qualité de vie et même risque vital avec un étouffement !
Les complications augmentent si la bouche n’est pas propre, si les dents ou le dentier ne sont pas en bon état ou ne tiennent pas.
Pourquoi changer sa manière de manger ?
Il y a des aliments plus difficiles à mâcher et avaler que d’autres, et c’est pareil pour les boissons.
Pour les aliments, pensez à la manière dont un enfant apprend à manger : vous ne donneriez pas une côte de bœuf à manger à un bébé, ou des cacahuètes.
Un adulte qui a été victime d’un AVC ne doit pas apprendre comme un enfant, mais retrouver ses capacités d’avant et il peut passer par les mêmes étapes. On parle de texture de la nourriture.
D’abord du mixé lisse (comme les pots de bébé, les crèmes), ensuite de la nourriture tendre (viande hachée, légumes cuits, souvent liés avec de la sauce), puis plus solide, et enfin, les aliments les plus difficiles.
On les appelle les aliments à risque, car il est facile de faire une fausse route avec :
– ils s’émiettent et font des petits morceaux (le riz, la semoule, les coquillettes, les pois, lentilles et légumes secs, les herbes aromatiques…)
– ils croustillent, sont trop secs (la pâte feuilletée, la croute de la baguette, les biscottes, les fruits secs, les gâteaux secs…)
– ils sont trop pâteux ou collent dans la bouche (la salade, …)
– ils font des fils (les haricots sauf extra fins, le vert des poireaux, la rhubarbe, les épinards en branche…)
– ils mélangent solide et liquide (le bouillon vermicelle, les yaourts avec morceaux de fruits, les agrumes, les fruits avec noyaux ou pépins…).
Et les boissons ?
Pour les boissons, on va de quelque chose d’assez pâteux, avec du goût, facile à contrôler et à sentir dans la bouche, à ce qui est le plus fluide et a le moins de goût :
– eau épaissie
– eau gazeuse (les bulles augmentent les sensations dans la bouche)
– puis eau plate.
Comment savoir ce qui est le mieux pour mon mari ?
Un orthophoniste a certainement rencontré votre mari lors de son hospitalisation. Il a vérifié ses capacités pour mâcher, bouger la nourriture dans la bouche et avaler sans prendre de risques lors d’un bilan de la déglutition.
En accord avec le médecin, les nourritures et les boissons les plus adaptées à la situation de votre époux ont été choisies. Il arrive dans certains cas qu’un examen avec un médecin ORL soit aussi demandé, pour regarder en détail le fonctionnement de la déglutition.
Lors du bilan et des séances qui ont pu suivre, l’orthophoniste a donné des conseils à votre mari, eux aussi très importants à respecter :
– garder une bouche propre
– ne pas parler en mangeant
– baisser le menton vers la poitrine pour avaler
– se concentrer sur le repas
– être bien assis
– éviter les distractions (éteindre la télé)
– ne pas aller trop vite
– manger par petites quantités
– finir ce qu’il y a dans la bouche avant d’en remettre
– Terminer le repas par une toux pour bien dégager les voies aériennes
Tout cela dans le but de le protéger et de protéger ses poumons, sa santé.
Entrez en contact avec les équipes qui ont entouré votre mari, et avec l’orthophoniste qui l’a rencontré. Elles sauront vous conseiller au mieux pour le retour à la maison.
Les repas que vous cuisinez peuvent être adaptés et permettre à votre mari d’apprécier votre cuisine, sans se mettre en danger. Mais il faut avoir les bonnes informations, celles qui concernent votre mari en particulier, et respecter les prescriptions du médecin. Si le patient a une hémiplégie droite, l’orthophoniste a pu vous conseiller de vous positionner à côté de lui, à sa droite. Il tournera la tête de votre côté, permettant une sécurisation du carrefour aéro-digestif. Votre position pourra l’aider à garder cette posture et ainsi limiter les risques de fausse route.
Les réflexes qui sauvent :
Il faut garder en tête qu’il existe un risque de s’étouffer lorsqu’on fait une fausse route.
Si vous constatez une fausse route, demandez à la personne de tousser, pour expulser la nourriture de sa gorge.
Mais si une personne ne respire PLUS DU TOUT après avoir avalé, si elle ne peut ni tousser ni parler ou crier, voici les gestes qui sauvent :
– taper 5 fois très fort dans le dos entre les omoplates
– si la personne ne respire toujours pas, faire une manœuvre de Heimlich, ou appelez quelqu’un capable de la réaliser.
ATTENTION : si la personne respire, lui demander de tousser.
Les points essentiels :
– se renseigner sur les demandes du médecin : que doit boire et manger mon mari pour rester en sécurité ? Comment adapter les repas à la maison ?
– noter les conseils donnés personnellement par l’orthophoniste à votre mari (manger et boire bien assis, sans distractions, prendre son temps, manger par petites quantités, baisser le menton vers la poitrine pour avaler…)
– avoir une bouche entretenue et propre, même sans dents, qu’il faut continuer à nettoyer après chaque repas.