Nadine, qui avait l’habitude d’être toujours en action se retrouve épuisée, sans envie et n’a plus la motivation de faire ses activités du quotidien, même une tâche qui lui paraissait simple.
Mon entourage ne me reconnaît pas, j’avais l’habitude de toujours faire des milliers de choses à la fois, ça ne me ressemble pas de rester toute la journée chez moi. Je ne sais plus par quel bout prendre les choses, je ne parviens plus à m’organiser » Il est difficile pour Nadine de se reconstruire dans ce bouleversement. Nadine est épuisée, elle s’est éloignée de ses proches mais elle est également très embêtée car elle souffre de troubles cognitifs. “Je me sens bête, quand je dois aller faire des courses, j’oublie la moitié des produits que je voulais acheter. Quand je dois remplir un formulaire administratif je fais de nombreuses erreurs. Le repos me fait du bien mais dès que je me lance à nouveau dans une activité je perds toute mon énergie, je me demande comment je faisais pour concilier tout ce que je faisais auparavant.
C’est un comble pour cette directrice d’agence immobilière qui a toujours eu une vie très active.
Quels sont les signes du burn-out ?
Souvent insidieux au début, l’épuisement professionnel (burn out) s’installe progressivement et ses signes s’amplifient sans que la personne ne s’en rende compte. Au fur et à mesure ces signes s ‘amplifient jusqu’à perdre toute envie d’aller au travail et se mettre en arrêt.
L’épuisement professionnel peut avoir des aspects très variés, il regroupe des manifestations
- émotionnelles (épuisement, stress, angoisse)
- comportementales ou interpersonnelles (ne plus prendre de plaisir à rien, préférer rester seul, ruminer ses pensées)
- motivationnelles ou liées à l’attitude (ne plus se sentir efficace dans son travail, ne plus comprendre ce qui arrive)
- physiques non-spécifiques (douleur, fatigue, troubles du sommeil)
- cognitives
Épuisement professionnel et impact cognitif
Les troubles cognitifs que l’on rencontre peuvent faire penser à ceux présentés par des patients avec des atteintes neurologiques. Au cours d’un épuisement professionnel ou après on peut présenter des troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, de l’organisation de la planification, des difficultés à prendre des décisions et à atteindre ses objectifs. Selon les cas, faire plusieurs activités en même temps, voire une simple tâche demande de se concentrer énormément. Très vite, cela engendre de la fatigue qui vient accentuer l’épuisement du burn-out. C’est un cercle vicieux qui empêche encore plus le retour à la vie d’avant.
Une équipe autour du patient
La priorité dans la prise en charge du burn-out est de pouvoir le repérer. L’épuisement professionnel ne doit pas être confondu avec une dépression ou des troubles neurocognitifs.
Le repérage du burn-out doit être fait par le médecin traitant, le médecin du travail ou l’équipe de santé au travail. Ils vont faire un bilan somatique mais également un bilan des conditions de travail.
La prise en charge doit être pluriprofessionnelle et coordonnée par le médecin qui a repéré les troubles ou un psychiatre. Il peut y avoir une prise en charge médicamenteuse ou non-médicamenteuse des troubles, mais la prise en soin doit également permettre un travail psychologique (psychothérapie, technique psycho-corporelles) et socioprofessionnel (arrêt de travail, accompagnement administratif) du patient. Il n’y a pas qu’une cause au burn-out et la récupération de la personne doit être globale.
Et l’orthophonie dans tout ça ?
Spécialiste du langage et de la communication, l’orthophoniste est expert des liens entre langage et cognition. Le retrait des échanges, les troubles des fonctions exécutives (planifier, mémoriser, être attentif) viennent impacter directement la communication du patient avec son entourage et la manière dont il peut investir sa vie quotidienne et professionnelle.
Dans le cadre de l’épuisement professionnel, il pourra être associé au parcours de soin de la personne mais jamais seul. La prise en soin doit concerner tous les aspects de la vie du patient et les professionnels qui le suivent coordonneront leurs actions.
Dans un premier temps en tant que professionnel de premier recours, il participe à la prévention et au repérage des syndromes d’épuisement professionnel.
De plus, l’orthophoniste peut accompagner le patient dans son quotidien pour réfléchir à la manière dont il peut être soulagé dans les tâches qui demandent un effort cognitif important. La prise en soin orthophonique n’a pas pour but d’entraîner et de renforcer ses capacités mais au contraire de les soulager. “Pour m’aider dans mon quotidien, j’avais mis en place des check list, des post-its et des agendas, explique Nadine. Ces outils qui ont pu m’aider dans un premier temps se sont accumulés, et à force je me perdais quand je les utilisais. L’orthophoniste m’a permis de faire le tri pour me soulager, Cela m’a également redonné confiance en mes capacités”.
L’avis de l’orthophoniste pourra aiguiller l’impact des troubles sur le quotidien du patient. Notamment dans des cas plus complexes. Les échanges entre le médecin, le psychologue et l’orthophoniste permettent de mettre en avant l’épuisement professionnel et de proposer des soins adaptés.