Il n’est pas toujours évident de se faire comprendre avec un masque, qu’il soit chirurgical ou en tissu. On manque d’air, on a la peau qui tiraille, on a de la buée sur les lunettes : la communication a changé et cela nous demande de nous adapter.
Qu’il s’agisse d’aller faire ses courses au marché, de parler à une voisine âgée ou à un jeune enfant, il peut arriver que le masque brouille la communication et nous donne l’impression de ne pas nous faire entendre. Nous pouvons aussi être amenés à faire répéter notre
interlocuteur, voire à abandonner l’idée de comprendre ce qu’il nous dit.
Comment le masque gêne-t-il la communication ?
Habituellement, la communication entre les individus se base sur des
informations verbales (paroles) et non verbales (gestes, mimiques, regards). La voix donne des informations verbales, le corps et le visage donnent des informations non verbales. L’environnement va aussi aider à comprendre le message.
Lorsqu’on porte un masque, la communication verbale et la communication non verbale sont réduites.
- la voix est filtrée par le masque ce qui diminue son intensité (son volume sonore). C’est un peu comme si on mettait une couverture sur une enceinte : le son est moins puissant et un peu feutré, on entend moins bien le message.
- la parole, (c’est-à-dire l’enchaînement des sons qui vont former des mots puis des phrases), est transformée par le masque, paraissant moins nette et précise. On ne peut pas s’aider du mouvement des lèvres pour affiner notre compréhension.
- certains éléments de la mimique sont cachés, notamment ceux qui sont effectués sur le bas du visage.
Au final, il n’est pas rare que celui qui parle (le locuteur) ait l’impression de forcer pour se faire comprendre, et que l’interlocuteur (celui à qui on s’adresse) se sente gêné de faire répéter, parfois à plusieurs reprises. Cela peut amener à des incompréhensions, de la frustration, voire à un évitement des situations de communication qui deviennent trop coûteuses.
Qui est le plus gêné pour comprendre avec le masque ?
Certaines catégories de personnes sont particulièrement mises à mal avec le masque : les personnes âgées qui souffrent souvent d’une baisse d’audition, les personnes malentendantes qui ont l’habitude de lire sur les lèvres, mais aussi tous ceux, enfants ou adultes, ayant un trouble de la communication qui impacte ordinairement leur compréhension (après un accident vasculaire cérébral ou dans le cadre d’un handicap comme l’autisme).
Face à eux, leurs locuteurs se trouvent aussi en difficulté. Travailler avec un masque en EHPAD, en crèche, en centre pour personnes handicapées, représente un défi.
Bien souvent, le locuteur relate une grande fatigue vocale le soir et finit par moins communiquer verbalement.
Qui est le plus gêné pour parler avec un masque ?
Certaines situations de communication vont être particulièrement délicates. Les milieux bruyants vont demander des adaptations. Par exemple, faire son marché, parler dans la rue ou dans les transports en commun ou quand il y a un fond sonore important, tout cela peut paraître difficile.
S’exprimer devant un groupe est également plus fatigant, car il est nécessaire de projeter sa voix de façon plus intense que d’ordinaire. On peut penser aux enseignants, quel que soit l’âge des enfants, mais plus particulièrement dans les classes bruyantes, avec de gros effectifs ou à l’âge où l’apprentissage des sons est primordial (grande section, CP).
Adapter sa posture
Dans un premier temps, il faut savoir que la posture du corps est importante dans l’utilisation de la voix.
D’une manière générale, même en dehors du port du masque, il est conseillé d’avoir une certaine verticalité (se tenir bien droit) et une liberté de mouvement pour ne pas fatiguer sa voix. Il est donc nécessaire de se positionner face à son interlocuteur, sans avoir à tourner la tête, avancer ou lever le menton, de façon à laisser le larynx (organe de la voix situé au milieu du cou) libre de bouger. La voix est un acte corporel global. Les tensions que nous pouvons ressentir, particulièrement en haut du corps, vont avoir des conséquences.
Respirer
Une respiration souple, avec des relâchements abdominaux fréquents, est la clé de toute voix qui se porte bien. C’est encore plus nécessaire avec le masque. Certains utilisateurs trouvent que la respiration est plus difficile avec le masque et qu’ils ont l’impression d’étouffer.
Les professionnels qui travaillent masqués depuis longtemps comme les chirurgiens ne font pas plus de malaises que les autres. Ceci dit, il faut un temps d’adaptation pour passer au-delà de cet inconfort et pour bien gérer son souffle. On peut s’entraîner chez soi, dans de bonnes conditions, en utilisant des entraînements de respiration en pleine conscience ou des exercices de cohérence cardiaque, que l’on aménagera au besoin.
Parler plus fort ou plus lentement ?
Il est souvent illusoire et contre-productif d’augmenter fortement le volume de sa voix.
Lorsque l’on parle avec un masque en milieu bruyant, devant un groupe ou avec une personne malentendante, il est plus efficace de modifier d’autres paramètres:
- parler plus lentement (ralentir le débit)
- insérer des micro pauses ou détacher davantage les mots
- augmenter légèrement l’articulation, en ouvrant un peu plus la bouche, comme si l’on voulait exagérer l’articulation.
Se faire comprendre simplement
Le plus souvent, il faut aller à l’essentiel pour que le message soit bien compris, en détachant les mots les plus importants si l’interlocuteur ne comprend pas. On peut demander à l’interlocuteur s’il a bien compris, voire s’il peut reformuler notre message. En effet, certaines personnes n’osent pas dire qu’elles n’ont pas entendu. Cela peut donner lieu à des quiproquos.
Et les mimiques ?
La communication non verbale doit aussi être renforcée : faire davantage de gestes, pointer ce que l’on veut en même temps qu’on le nomme, accentuer les mimiques, parler davantage avec son regard, qui doit être le plus expressif possible.
Boire souvent de l’eau
Les règles d’hygiène vocale de base sont toujours à prendre en compte et en particulier l’hydratation, qui est rendue difficile avec le port du masque. En effet, il est conseillé de boire régulièrement lorsque l’on parle, ce que l’on fait moins souvent si l’on porte un masque. Il est recommandé de boire une petite quantité de liquide à chaque fois que l’on retire son masque, en veillant à respecter les règles d’hygiène et notamment le lavage des mains.
Penser au repos vocal
Quand la voix commence à être fatiguée, que l’on sent que cela gratouille ou chatouille au milieu du cou, là où sont situées les cordes vocales, un temps de repos vocal est conseillé. Plus la voix aura été utilisée de façon intense ou prolongée, plus l’on devra faire attention à ces petits signes de forçage qui indiquent un petit surmenage vocal.
D’autres solutions ?
Il existe déjà des masques alternatifs avec une fenêtre transparente au niveau de la bouche. On parle depuis quelques jours d’en donner aux enseignants qui ont des élèves malentendants. Certains de ces masques sont en cours d’homologation pour les professionnels de santé. La plupart peut être déjà être utilisés par le grand public qui recourt habituellement aux masques en tissu. Ces masques fenêtrés permettent la lecture sur les lèvres et donnent une visibilité sur les mimiques, ce qui est utile pour décoder les émotions.
Le port du masque fait désormais partie de notre quotidien, pour une durée indéterminée. Parler avec un masque représente un nouveau défi aujourd’hui, à la fois pour le locuteur qui peut sentir une fatigue vocale et pour l’interlocuteur qui peine à comprendre. De petites adaptations sont efficaces pour permettre de garder une communication optimale, particulièrement en ces moments anxiogènes où les contacts sociaux sont primordiaux.