Comment se produit un son ?

Pour parler, il faut de l’air, une vibration et des cavités pour faire résonner le souffle.
LA SOUFFLERIE : Les poumons vont expulser de l’air. L’air vibre et fait du bruit dans les résonateurs. Cela produit des sons qui forment les mots.
LE VIBRATEUR : c’est le larynx formé par un ensemble de muscles, os et cartilages. Vous le repérez facilement chez les hommes avec ce que l’on appelle la pomme d’Adam. L’air arrive des poumons et fait vibrer les cordes vocales qui vibrent plus ou moins vite. Puis, cet air se dirige vers la sortie par la bouche et le nez.
LES CAVITES DE RESONNANCE : soit l’air expiré sort par le nez : on produit un son nasal, soit il sort par la bouche et là, le son sera oral. Faites l’expérience en prononçant « mmmmmm » sur un miroir placé sous votre nez et vous verrez de la buée. Le son sort par le nez. Au contraire, si vous dites « fffffffffffffff » il n’y aura pas de buée sous le nez car l’air et le son sortiront par la bouche.
LA BOUCHE : son ouverture sera aussi déterminante. Ainsi, observez bien l’ouverture de votre bouche quand vous dites « aaaaaaaaaaaa » puis « uuuuuuuuuuuuu ».
LES ARTICULATEURS : Il n’y a pas que la langue qui permet d’articuler. Regardez votre bouche dans un miroir quand vous dites « o » ou «  p ». Vous verrez que vos lèvres sont très actives et s’avancent. Mais elles s’étirent aussi lorsque vous dites « i ».
LA LANGUE sert à beaucoup de choses (parler, chanter, rassembler, avaler). Elle est composée de 17 muscles. Elle est très puissante et très précise. Faites l’expérience de prononcer les sons «  t n l » et vous verrez qu’ils sont très proches en terme de position linguale.
LES JOUES sont bien utiles aussi pour garder l’air avant de le relâcher soit brusquement soit lentement.
LE VOILE DU PALAIS est un ensemble de muscles qui permet d’isoler les deux cavités : le nez et la bouche, et pas seulement quand on mange ou boit. Il est très important pour articuler de manière intelligible et pour différencier les sons qui sortent du nez (nasaux) des sons qui sortent de la bouche (oraux). S’il ne ferme pas ou mal « papa » deviendra «  mama » et « bébé » sera prononcé comme « mémé ».
LES DENTS permettent de soutenir les lèvres et limitent l’avancée de la langue. Ce sont aussi des articulateurs. Il suffit d’écouter comment est dit « saucisson sec » quand la souris est passée chez nos enfants !

L’ensemble de ces articulateurs et des mécanismes en jeu nous permettent de produire des sons différents et des combinaisons variées (syllabes, mots).

Comment se fait l’apprentissage des sons ?

L’évolution vers la capacité à produire tous les sons de notre langue maternelle est longue et variable selon les individus. On attend que les enfants puissent produire tous les sons pour l’entrée au CP. Certains auront besoin de l’orthophoniste ou de l’ORL (pose de yoyos en cas d’otites répétitives ou appareils auditifs) car il faut bien entendre pour bien parler.

Cependant, on peut dire que tout commence dès la grossesse. Le fœtus perçoit des vibrations et des sons. Il développe sa soufflerie, son vibrateur et ses articulateurs. La langue se développe très vite pour lapper et déglutir le liquide amniotique. À la naissance, le bébé aura développé la fonction de succion.

Développer les sons de la parole, ça commence par bien entendre (pour répéter ce que vous dîtes et s’entendre produire des petits bruits) et bien manger ! Progressivement, en vous entendant, en vous voyant réagir avec enthousiasme à leurs premiers sons, les bébés s’entraînent à utiliser différemment leurs articulateurs.
Nous pouvons encourager les acquisitions dans le jeu et le respect de l’intérêt de l’enfant pour ces activités.

Faire la différence entre le nez de la bouche

Pour produire un son buccal, il faut activer le voile du palais. Pour produire un son nasal, pas besoin de voile. Or, il faut d’abord que l’enfant comprenne la différence entre ces deux cavités.
C’est pourquoi on débutera l’apprentissage du mouchage et du souffle nasal au plus tôt. Il est important d’apprendre à votre enfant à se moucher dès 12 mois. Il va découvrir le souffle nasal et limiter les infections. Faire la différence entre les deux souffles aidera aussi votre enfant à diversifier ses sons.

Le mouchage permet de comprendre comment souffler avec le nez. Les parents peuvent proposer de souffler par le nez sur un miroir. On peut faire l’expérience de faire dire « a » puis « an » et d’observer que seul le second entraîne de la buée. On peut aussi souffler par le nez dans une flûte ou une langue de belle-mère en s’assurant que l’autre narine est bouchée et la bouche fermée.
Ensuite, on s’entraîne à souffler par la bouche.

Souffler court et souffler long 

Il existe deux grandes familles de sons. Les sons courts qui nécessitent une accumulation d’air dans la bouche et un relâchement d’un coup, exemple : P. Les sons longs qui demandent le relâchement progressif de l’air accumulé et la formation d’un canal avec la langue (l’air passant au milieu), exemple : F. Ainsi, en éteignant une bougie par un souffle court et bref, votre enfant est invité à accumuler de l’air dans sa bouche et à le relâcher d’un coup pour produire une explosion.
Au contraire, en faisant bouger la flamme d’une bougie sans l’éteindre l’enfant apprend à relâcher l’air nécessaire progressivement.
La manière dont il placera sa langue, ses joues ou ses lèvres fera le reste du son et différenciera par exemple le t du k.

On peut souffler aussi à travers des objets : paille, flûte, langue de belle-mère, sifflet. En variant les formes d’embouts de vos instruments de souffle, vous mobiliserez aussi les lèvres et les joues, vous inciterez votre enfant à bien fermer sa bouche. À titre d’exemple : entre une paille qui demande de fermer et d’avancer les lèvres, et un harmonica qui nécessite plus d’étirement des lèvres on fera la différence entre la production d’un son /ou/ et d’un son /i/.

Aspirer c’est capital !

Quelles pailles ? Les pailles en plastique ne sont désormais plus commercialisées. Ceci constitue une difficulté dans la mesure où il est impossible de jouer sur les diamètres et la longueur de pailles en bambou ou métalliques.
Si votre enfant arrive à boire à la paille cela ne sera pas un problème, mais pour certains ce sera très difficile. Pour les débutants, nous recommandons désormais les pailles métalliques télescopiques. Elles sont normalement vendues avec un goupillon pour bien nettoyer.

En effet, les enfants porteurs de handicap ou nés avec une fente palatine ont souvent besoin de plus de temps pour maîtriser cet exercice. Il est essentiel de leur proposer d’aspirer avec une paille ni trop étroite, ni trop large, et surtout de 7 cm de long maximum. En exagérant le mouvement d’aspiration sur vous et en montrant à travers une paille transparente, vous les aiderez à comprendre le mécanisme. Pas d’inquiétude, il faut parfois des semaines avant de l’obtenir.

Progresser et pourquoi ?

Dès que l’aspiration est acquise on renforcera l’exercice avec une paille plus longue et/ou plus large ou plus fine, ou tourbillonnante, ou encore avec un liquide plus épais.

On jouera aussi à décoller et déplacer des petits papiers en les aspirant et en les gardant au bout de la paille. Nourrir son doudou, remplir le plus possible un gobelet, faire la course avec son frère en gardant la cible au bout de la paille, faire des grosses bulles puis des petites dans le gobelet sans faire déborder l’eau… autant de jeux à faire en famille.

Mais pourquoi aspirer est-il si déterminant ? Faites tout simplement semblant de boire à la paille et vous réaliserez que pour cela vous devez tout mobiliser : la fermeture et projection des lèvres, les joues, le recul de la langue et surtout du voile du palais. Bref c’est une gymnastique générale de tous les articulateurs en mode synchronisé !

Recommandations pour réussir les jeux, et précautions

Mettre toutes les chances de votre côté.
Débuter toujours par une initiation au souffle avant de proposer l’aspiration. Proposer une cible ultra légère pour les premiers souffles buccaux, par exemple : mini pompon, plume, petit morceau de mouchoir en papier, boule de coton.
Placer la cible devant sa bouche, sur votre main ou un livre pour la mettre parfaitement à la hauteur de votre enfant et devant ses lèvres.
Rire, rater, essayer !

Avertissements

Certains jeux sont bruyants, par exemple des langues de belle-mère. Pour certains enfants c’est parfois très impressionnant les premières fois. Soyez prudents et prévenez-les qu’un bruit surprenant est à venir.
Il est important ici de noter que ces jeux ne peuvent pas nuire à l’anatomie du voile ou de tout autre articulateur.
Enfin et surtout, les jeunes enfants ne doivent jamais réaliser ces jeux hors de la présence d’un adulte. La plupart des accessoires ne peut être confiée à des enfants de moins de 3 ans sans présence d’un adulte (risque d’avaler l’objet ou une partie).

En soufflant et en aspirant vous introduisez un travail coordonné de presque toutes les fonctions liées aux articulateurs: joues, lèvre, voile, base de langue.
Rappelez vous cependant que vous n’êtes pas le thérapeute de votre enfant, pas besoin de lui apprendre à parler, mais au contraire encourager, échanger, jouer, rire, féliciter en respectant les étapes : sont les moteurs de l’apprentissage des sons. Enfin, il y a un temps pour tout dire « pestacle » ou « sossette » pour spectacle et chaussette ce n’est pas grave à trois ans !