Les papillomavirus (encore appelés HPV, human papilloma virus) sont des virus très fréquents, très contagieux et la plupart du temps inoffensifs. Cependant, certains font davantage parler d’eux car ils peuvent dégénérer et occasionner des cancers. On parle par exemple souvent des cancers du col de l’utérus liés au HPV mais il est important de mentionner également certains cancers de la zone ORL, qui sont en augmentation depuis quelques années.
Il existe environ 200 sous-types de HPV, cela veut dire qu’il y a beaucoup de virus différents ; une grande partie d’entre eux est éliminée spontanément par le corps et n’entraîne pas de problèmes de santé. Quelques HPV donnent lieu à des lésions qui ne sont pas graves, on les appelle lésions bénignes, d’autres produisent des lésions qui pourront dégénérer en cancer. Heureusement, cela ne représente qu’une toute petite proportion des HPV.
En ORL, on parle surtout des HPV 16 et HPV 18, qui donnent des cancers de l’oro-pharynx (schéma), principalement des amygdales ou de la base de la langue (partie de la langue qui descend à l’arrière de la gorge).

Schéma de la bouche et du système digestif
Comment s’attrape le HPV ?
Le virus s’attrape par des contacts cutanés ou muqueux donc des contacts entre les muqueuses ou avec la peau de certaines parties du corps. On constate une exposition plus importante au virus lors du début de la vie sexuelle, entre 15 et 25 ans. La contamination peut parfois avoir lieu sans pénétration, comme lors de rapports bucco-génitaux. On considère aujourd’hui que plus de 80% des personnes sexuellement actives seront exposées au virus durant leur vie sexuelle mais seulement un tout petit nombre de personnes développeront des lésions. Ces lésions peuvent être bénignes et dans de très rares cas, elles vont devenir cancéreuses.
Il est important de savoir que le cancer ORL lié au HPV apparaît généralement très tardivement après la contamination, souvent plusieurs dizaines d’années après l’exposition au virus. On peut avoir attrapé un HPV16 dans la vingtaine et découvrir un cancer ORL à 60 ans. Plus on a de partenaires, plus on augmente le risque d’avoir un HPV.
Les papillomavirus sont actuellement considérés comme l’IST (infection sexuellement transmissible) la plus courante du monde.
Il existe quelques autres modes de contamination qui restent exceptionnels.
Comment se manifestent les cancers ORL liés au HPV ?
L’alcool et le tabac sont les plus gros facteurs de risques d’avoir un cancer ORL, mais on constate une augmentation des cancers ORL liés au HPV. Certaines publications parlent de 25% de cancers ORL liés au HPV.
En général, les signes des cancers ORL sont ceux de maladies courantes et sans gravité. Cela peut être angoissant mais il y a des règles à connaître pour agir sans s’affoler. On considère qu’il faut consulter un médecin généraliste quand un ou des symptômes suivants qui durent plus de 3 semaines :
- Une boule dans le cou
- Une lésion sur la langue
- Un nez qui saigne ou une narine bouchée
- Une voix qui se modifie
- Un mal de gorge
- Une douleur lorsque l’on avale
- Une oreille douloureuse
Si le médecin généraliste le juge nécessaire, il oriente le patient vers un médecin spécialiste, un ORL (oto-rhino-laryngologiste) ou un médecin stomatologue.
Dans le cas des cancers liés au HPV, les patients se plaignent parfois d’ une boule dans le cou, de douleurs quand ils avalent, d’une oreille douloureuse quand ils mangent. Les cancers ORL liés au HPV ne bénéficient pas d’une recherche systématique, contrairement aux cancers du col de l‘utérus qui peuvent être dépistés via un frottis. Les cancers ORL consécutifs à un HPV sont découverts lorsqu’il y a des symptômes. Les deux localisations les plus fréquentes de ces cancers sont les amygdales et la base de la langue (la partie de la langue qui descend dans la gorge au niveau du cou).
L’alcool et le tabac restent malgré tout les plus gros facteurs de risques de développer un cancer de la zone ORL.
Comment se soigne un cancer ORL lié au HPV ?
Si un cancer ORL est diagnostiqué, le patient va passer des examens comme une IRM, un scanner ou un TEP SCAN afin d’avoir des informations précises sur sa maladie. Selon la localisation de la lésion et sa taille, le médecin spécialiste pourra proposer soit une chirurgie, soit une radiothérapie ou une chimiothérapie. Parfois, plusieurs traitements seront nécessaires, par exemple une chirurgie puis une radiothérapie.
Les cancers ORL liés au HPV sont de meilleur pronostic que les cancers liés à l’alcool et au tabac : cela veut dire qu’ils se guérissent mieux et qu’il y a moins de récidives.
Y a-t-il des conséquences sur la qualité de vie ?
Quand on est soigné pour un cancer ORL, on peut être gêné pour manger et pour parler, en fonction de la taille de la tumeur mais surtout des traitements qui sont effectués. La chirurgie comme la radiothérapie et la chimiothérapie sauvent des vies mais laissent parfois des séquelles. Dans ce cas, un suivi orthophonique est proposé. L’orthophoniste est un professionnel de santé qui est formé à la prise en charge des séquelles des cancers ORL et qui va accompagner le patient pour manger et parler après ses traitements.
Comment éviter les cancers ORL liés au HPV ?
Le vaccin contre le papillomavirus est préconisé avant l’entrée dans la vie sexuelle ou au début de celle-ci. Il est maintenant recommandé pour les garçons et pour les filles. Il est pris en charge par la sécurité sociale. Si l’on est déjà sexuellement actif, il faut en parler avec le médecin traitant car dans certains cas, on peut encore se faire vacciner.
Les préservatifs ne protègent malheureusement pas totalement du papillomavirus car ils n’empêchent pas certains contacts muqueux et cutanés. La multiplication des partenaires est un facteur de risque supplémentaire.
Les pathologies liées aux HPV sont nombreuses, et, la plupart du temps, totalement bénignes. Le corps sait éliminer les virus.
On retrouve des HPV dans certains cancers ORL, la prise en charge précoce permet de commencer rapidement les traitements appropriés. En cas de doute, parlez-en à votre médecin traitant. Il saura vous orienter vers un spécialiste.