Comment respirer par le nez et bien positionner sa langue au repos ou lorsqu’on avale quand cela fait plus de 40 ans que l’on prend de mauvaises habitudes ? C’est la question que se posent les patients adultes lorsque l’orthodontiste leur demande de suivre une rééducation orthophonique pour éviter une récidive de leur traitement.

La particularité d’un adulte c’est qu’il pense souvent qu’il est difficile voire impossible de modifier des habitudes anciennes. Surtout s’il a déjà connu des échecs lors d’une précédente rééducation orthophonique jeune ou adolescent.
Pourtant ils sont de plus en plus nombreux à porter des gouttières ou des bagues. Dans ce cas, le dentiste, l’orthodontiste collaborent avec l’orthophoniste si nécessaire, pour améliorer l’occlusion dentaire (comment les dents s’emboîtent) et ses conséquences.

Particularités de la demande et de la motivation de l’adulte

Les adultes sont de plus en plus nombreux à entreprendre des traitements orthodontiques. Soit ils n’ont jamais bénéficié de soins plus jeunes, soit ceux-ci ont été interrompus, soit les troubles ont récidivé.

Le patient est adressé à un orthophoniste par son chirurgien dentiste ou son orthodontiste. Le patient peut aussi consulter de lui-même un orthophoniste pour d’autres motifs. Dans ce cas, le patient est orienté vers un chirurgien dentiste ou un orthodontiste dans un deuxième temps. L’orthophoniste met en évidence une mauvaise position linguale.

Ces autres motifs de consultation peuvent être liés à différentes plaintes : apnée du sommeil, trouble de l’articulation (zozotement), absence de respiration nasale, difficulté alimentaire, difficulté de mastication, trouble de la parole (manque d’intelligibilité). Souvent, c’est la vie quotidienne et le regard des autres qui conduit chez l’orthophoniste : « on me comprend difficilement en réunion », « je suis gênée lors des repas car j’ai la bouche ouverte et je fais du bruit », « mes élèves me font tout le temps répéter », etc.

L’orthophoniste peut être consulté après d’autres médecins ou thérapeutes, mais aussi être le premier à parler au patient de sa position linguale et de sa respiration.

Le bilan pour évaluer, traiter et orienter si nécessaire

Le bilan est un moment important car il permet de déterminer si des soins orthophoniques sont nécessaires ou pas. Il s’agit aussi de déterminer de quels types de soins et dans quels délais ils doivent intervenir.

Après avoir recueilli l’histoire médicale du patient et ses attentes, l’orthophoniste se renseigne sur les soins encore prévus ou s’il intervient en fin de traitement.

Ensuite, l’orthophoniste observe le visage du patient et sa bouche. Comment est l’occlusion dentaire ? Comment est le palais ? Les amygdales sont-elles gênantes pour respirer, avaler et articuler ?
Puis il évalue toutes les fonctions : respirer, parler, souffler, mastiquer, avaler des aliments et des liquides. Il observe et teste aussi la mobilité de la langue, des joues, des lèvres, du voile du palais et la capacité à respirer exclusivement par le nez. Enfin, il observe la posture du corps de son patient et la position de sa langue quand il ne parle pas.

Ces évaluations associées à la plainte du patient et à son histoire permettent d’effectuer un diagnostic orthophonique.

Si l’orthophoniste constate des troubles, il adresse le patient à un orthodontiste ou chirurgien dentiste. En effet, il faut parfois d’abord améliorer les positions dentaires et faire de la place dans la bouche. Des traitements pour élargir le palais, redresser les dents mais aussi parfois une chirurgie osseuse sont évalués et peuvent être prescrits.

Si le patient respire mal par le nez alors on peut l’orienter vers un médecin ORL. Il pourra, si nécessaire, traiter des végétations et/ou des amygdales gênantes, des allergies, des particularités de la cavité nasale.

Dans d’autres situations, le patient a seulement besoin d’apprendre à placer sa langue et le traitement peut commencer immédiatement.

Expliquer les bienfaits que l’adulte peut retirer de son traitement

Lorsqu’un patient consulte pour un trouble articulatoire léger, une parole peu intelligible, il ne s’attend pas forcément aux évaluations réalisées pendant le bilan. Il peut être surpris par le diagnostic.
Le rôle de l’orthophoniste est essentiel car il doit amener le patient à comprendre les liens entre sa position linguale de repos et sa respiration mais aussi des troubles du sommeil, de l’alimentation ou de la posture.

La collaboration est essentielle

Certains suivis orthophoniques débutent en même temps que le traitement dentaire. Parfois, le traitement orthophonique peut aussi éviter le recours à un appareil dentaire.

L’orthodontiste et le chirurgien dentiste auront toujours intérêt à demander un bilan avant de retirer les bagues pour éviter une récidive. Même en présence d’un fil de contention dentaire, on peut conserver des habitudes néfastes pour notre santé. Pouvoir les corriger évite de recommencer un traitement.

Les soins orthophoniques débutent donc quand le palais offre suffisamment de place pour bien placer la langue. Pour les adultes, ces soins seront plus efficaces s’ils prennent en compte leur vie quotidienne : activités professionnelles ou non, vie de famille.

Mais est-ce qu’il faut entretenir les acquis toute la vie ?

Une dizaine de séances, voire moins, sont le plus souvent suffisantes mais elles nécessitent un investissement régulier du patient : quelques minutes par jour mais tous les jours pendant la durée des soins. C’est pourquoi le bilan et l’explication sur les troubles observés et leurs conséquences sont déterminants.

Quand les fonctions sont rétablies, le cerveau enregistre ses bienfaits et le patient conserve les bénéfices.

Ces prises en soins à l’âge adulte sont souvent très rapides. Les adultes identifient plus facilement leurs besoins. Ils sont très motivés car ils ont déjà l’expérience des troubles qui peuvent s’accumuler avec l’âge ou bien ont vécu une récidive.