Mon fils Quentin a besoin de séances d’orthophonie. Je l’accompagne tous les mardis soirs depuis plusieurs mois. Cependant, depuis quelques semaines, je remarque qu’il y va à reculons. Il me dit qu’il n’aime pas son orthophoniste. Est-ce qu’il fait du cinéma ? Que puis-je faire ?
Le libre choix de son orthophoniste
En France, les patients ont le droit de choisir leur praticien (1110-8 du code de la santé publique). Cela signifie que chacun peut sélectionner le professionnel de santé qui s’occupera de lui. C’est une liberté qui n’est pas toujours présente dans d’autres pays, où les patients peuvent être assignés à un médecin ou un spécialiste.
Ce libre choix permet théoriquement de sélectionner un praticien avec lequel on se sent à l’aise, ce qui favorise une prise en charge adaptée et une mise en confiance. Cependant, dans la réalité, le choix d’un orthophoniste peut être compliqué. En raison du manque de professionnels (notamment hors des villes), et d’une faible démographie, il peut être difficile d’obtenir un rendez-vous dans certaines régions. Ce manque d’orthophonistes peut restreindre les options. Mais changer de praticien reste possible.
Comment sélectionner un praticien ?
Les orthophonistes exerçant sur le territoire sont diplômés et possèdent un titre professionnel reconnu par l’État. Ils sont compétents pour prévenir, évaluer et traiter les troubles de la communication, du langage dans toutes ses dimensions, de la cognition mathématique, de la parole, de la voix et des fonctions oromyofaciales.
L’intervention orthophonique est fondée sur l’établissement d’une relation de confiance entre le thérapeute et ses patients, c’est ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique. Avec des enfants, l’orthophoniste organisera généralement des séances ludiques et engageantes, en intégrant des jeux et des activités attrayantes pour faciliter les apprentissages et la motivation. Une approche individualisée est également primordiale ; chaque enfant a ses propres besoins et son rythme d’apprentissage. Cela permet de rendre les séances plus efficaces et motivantes.
Sélectionner un professionnel qui nous convient prend parfois du temps. Dans un premier temps on pourra être attentif à différents critères :
- Affichage du diplôme, respect des tarifs et des durées des séances
- Expérience, méthodes explicites et transparence des outils utilisés, explications sur le contenu des séances,
- Qualité de l’écoute et de la personnalisation des approches et plans thérapeutiques, qualité des échanges sur les aspects financiers
- Disponibilité, qualité de l’environnement et lieu d’accueil (accessibilité).
Pour établir cette relation de confiance, l’orthophoniste s’appuiera sur le dialogue avec les patients, et leur entourage lorsque c’est judicieux. Cela passe par des explications sur les résultats du bilan initial, un accord sur les activités proposées. Plus globalement les patients et leurs professionnels de santé apprennent à se connaître, échangent des informations en toute confidentialité et travaillent ensemble à trouver la meilleure solution.
Comme dans toute relation humaine, il peut y avoir des hauts et des bas ! Parfois le professionnel peut aussi vivre une situation difficile ou une journée compliquée, qui peut être faussement interprétée comme un manque de considération. Les patients se montrent parfois très (trop ?) exigeants, expriment une frustration ou une lassitude. Tout cela est normal mais ne doit pas être ignoré.
Évaluer la situation de Quentin
Un suivi en orthophonie représente un investissement important, tant sur le plan temporel qu’émotionnel. Les séances hebdomadaires, en plus de ses autres activités, peuvent devenir une charge pour Quentin et pour sa famille. Il est donc crucial d’en parler avec lui. Comment vit-il ces séances ? Que pense-t-il de son orthophoniste et des activités proposées ?
Il est aussi recommandé d’aborder ces questions avec l’orthophoniste, qui peut clarifier les enjeux des séances et aider Quentin à retrouver sa motivation. Dans certains cas, il peut être bénéfique de faire une pause, ce qu’on appelle une « fenêtre thérapeutique » (un arrêt des séances durant quelque temps). Cela peut donner un peu de temps pour réévaluer la situation sans pression, et permettre de mesurer les apports des séances.
Quand et comment changer d’orthophoniste ?
Lorsque l’on envisage de changer d’orthophoniste, il est important de le faire de manière constructive. Impliquer l’orthophoniste actuel dans le processus est indispensable. Des doutes ou des incertitudes concernant l’intervention orthophonique sont fréquents et peuvent être discutés. Une mauvaise compréhension des objectifs, ou une perte d’informations sont fréquents, il ne faut pas hésiter à aborder ces questions avec l’orthophoniste.
Dans le cas de Quentin, si, après ces discussions, il ne se sent toujours pas à l’aise, il est possible de changer d’orthophoniste. Dans un cabinet de groupe, par exemple, une autre orthophoniste pourrait prendre le relais. Changer de praticien pourrait offrir un nouveau souffle à la rééducation de Quentin, en lui permettant de retrouver plaisir et engagement dans ses séances. De plus, un nouvel orthophoniste peut apporter une perspective différente et de nouvelles méthodes.
Dans ce cas, administrativement les choses sont simples. L’orthophoniste qui prendra le relais continuera les séances sans qu’il soit nécessaire de renouveler les démarches initiales. Bien entendu, un lien entre les orthophonistes sera nécessaire afin qu’ils ou elles puissent échanger des informations et que le relais se passe au mieux.
En résumé, il est tout à fait légitime de se poser des questions sur le suivi proposé par l’orthophoniste, l’échange est essentiel dans ce cas. Il existe des solutions adaptées aux besoins de chaque enfant. L’essentiel est de communiquer ouvertement et de veiller à ce qu’il se sente soutenu dans son parcours. Une réévaluation régulière des séances, des discussions et du relationnel sont essentiels pour garantir le succès de la rééducation. Un suivi orthophonique, parfois vécu comme long et contraignant dans un emploi du temps, doit malgré tout être le résultat d’un accord et d’un engagement de toutes les parties prenantes : l’orthophoniste, le patient et son entourage.