Certains de ses élèves ne sont pas suivis en orthophonie et il est difficile pour elle de savoir si ce qu’elle observe relève d’une prise en soin orthophonique, d’un soutien scolaire ou d’un manque d’investissement et d’intérêt de la part de l’adolescent. Elle aimerait avoir des éléments concrets qui lui permettraient de ne pas passer à côté d’un éventuel trouble pour pouvoir ensuite orienter vers un professionnel si besoin.

Adolescence, motivation et scolarité

Que l’on soit adolescent ou pas, quand on a des difficultés d’apprentissage réelles, rester motivé devient compliqué et, inversement, quand on montre peu de motivation dans une tâche, les apprentissages se font mal. L’adolescence est une période compliquée, pour le jeune concerné comme pour son entourage.

Les adultes perçoivent souvent certains ados comme manquant de motivation, mous, lents, peu intéressés par les matières scolaires. Dans certains cas, il est possible que l’adolescent cache un trouble du langage écrit derrière un apparent manque de motivation ou de travail. Au contraire, un professeur peut constater qu’il fait des efforts, se montre intéressé par les cours et, malgré cela, qu’il obtient des notes décevantes par rapport au travail fourni.

Pour un enseignant, comprendre le fonctionnement d’un élève adolescent et savoir comment lui venir en aide est difficile, d’autant plus qu’il ne le voit que quelques heures par semaine et dans une classe souvent chargée. Il est possible que cet élève présente un trouble spécifique du langage écrit (anciennement appelé « dyslexie/dysorthographie ») qui n’ait pas été diagnostiqué jusqu’à maintenant. En effet, il a sans doute mis en place des moyens de compensation qui peuvent faire illusion.

De ce fait, comment dépister un trouble ? Et comment aider au mieux l’adolescent ? Quand l’adresser chez un orthophoniste ?

Repérer les adolescents présentant un trouble des apprentissages

La détection du trouble spécifique du langage écrit au collège peut être délicate car certains élèves ont développé des stratégies pour compenser leurs difficultés et les signes peuvent être plus subtils qu’à l’école primaire. Cependant, certains indicateurs peuvent alerter sur un possible trouble spécifique du langage écrit, surtout si les difficultés persistent malgré un encadrement pédagogique adapté.

Quand le professeur a repéré un élève qui semble présenter un trouble, il est nécessaire de savoir si celui-ci a déjà bénéficié d’un suivi orthophonique lorsqu’il était en primaire et, si possible, de connaître le diagnostic. Si un diagnostic de trouble spécifique des apprentissages a été posé en primaire, il est encore valable au collège puis au lycée et les difficultés en lecture et en orthographe s’expliquent par cette pathologie.

S’il n’y a pas eu de suivi orthophonique en primaire, ou pas de diagnostic, ou encore si le professeur ne parvient pas à obtenir d’informations, il n’est pas trop tard pour demander à ce qu’un bilan orthophonique soit réalisé.

Les signes d’un possible trouble du langage écrit 

L’enseignant doit penser à un trouble spécifique du langage écrit s’il repère plusieurs de ces signes chez un élève :

  • Une lenteur généralisée : le collégien termine ses interrogations toujours après les autres ou n’a pas le temps de les finir. Les leçons ne sont pas copiées entièrement, la prise de notes est laborieuse.
  • Des difficultés de compréhension : l’élève a du mal à comprendre les consignes écrites, surtout quand elles sont longues et complexes. Il en est de même pour les textes en cours d’histoire, de français mais aussi pour les problèmes de mathématiques.
  • Des difficultés de lecture : il ne souhaite pas lire devant les autres ; quand il lit, il est lent, hésitant, fait des erreurs, se corrige, revient en arrière, a du mal à respecter la ponctuation et l’intonation.
  • Des fautes d’orthographe : l’élève commet de nombreuses erreurs. Il oublie régulièrement des accords dans les groupes nominaux, se trompe dans les conjugaisons. Mais aussi, il peut oublier d’écrire un mot, ou en écrire un à la place d’un autre (un mot proche visuellement ou sémantiquement), omettre une lettre, voire une syllabe, inverser ou confondre des lettres. Ses productions écrites sont parfois difficiles à comprendre et son orthographe est instable. Ainsi, un même mot peut être écrit de différentes façons.
  • Des difficultés en rédaction : il a du mal à construire un récit écrit, à organiser son argumentaire, à utiliser des mots de liaison pour articuler les paragraphes, à respecter les concordances de temps. La ponctuation est mal respectée.
  • Une écriture peu lisible : une personne présentant un trouble spécifique du langage écrit va souvent écrire mal, à la fois pour masquer une partie de ses erreurs et hésitations mais aussi parce que le geste d’écriture couplé à la réflexion imposée par ce qu’il doit écrire est un exercice compliqué. L’élève avec un trouble peut donc avoir tendance à écrire vite et mal pour réussir à suivre le fil de ses idées.
  • Des difficultés d’attention : il est qualifié de « rêveur », « dans la lune », il « décroche » régulièrement de la leçon car son cerveau est en surcharge cognitive : il reçoit trop d’informations en peu de temps et ne parvient plus à les gérer. Au contraire, et pour la même raison, il peut se mettre à s’agiter et perturber la classe.
  • Un temps de travail trop important : les devoirs lui prennent beaucoup plus de temps que ses pairs alors qu’il y met la même volonté. Il doit fournir beaucoup plus d’efforts que les autres pour obtenir des notes qui peuvent être excellentes, mais au prix d’un travail intense. A l’inverse, il peut fournir énormément de travail et obtenir des résultats décevants, ne correspondant pas au temps passé sur la leçon.
  • De meilleurs résultats à l’oral qu’à l’écrit : si l’élève présente un trouble du langage écrit, il n’en a en revanche pas à l’oral : la compréhension et l’expression orales sont normales et, s’il a appris et compris ses leçons, des évaluations à l’oral donneront de meilleurs résultats qu’à l’écrit.
  • Un apprentissage malaisé des langues étrangères.

Quand adresser chez l’orthophoniste ?

Si plusieurs de ces signes sont repérés chez un élève et se maintiennent dans le temps, il est probable qu’il s’agisse d’un trouble spécifique du langage écrit. Dans ce cas, la réalisation d’un bilan orthophonique est indiqué et c’est l’orthophoniste qui sera en mesure de le diagnostiquer. Ce bilan pourra être suivi d’une prise en soin mais aussi permettre la mise en place d’aménagements pédagogiques au collège afin de prendre le plus possible en considération le trouble.

Un trouble spécifique du langage écrit peut n’être repéré qu’au collège, un enfant pouvant avoir compensé ses difficultés pendant l’école primaire. Mais il existe des signes d’alerte qu’un professeur peut repérer et qui peuvent lui évoquer la présence d’un trouble, différent d’un manque de motivation ou de travail.Si les difficultés d’orthographe et de lecture sont présentes depuis plusieurs années, il peut s’agir d’une dyslexie et/ou une dysorthographie. Un bilan orthophonique est alors indiqué, d’autant plus si l’adolescent concerné n’en a jamais réalisé et qu’il souffre de la situation.Il n’est jamais trop tard pour bénéficier d’un bilan orthophonique. Celui-ci permettra la pose éventuelle d’un diagnostic de trouble spécifique du langage écrit par l’orthophoniste. Ensuite, une prise en soin orthophonique pourra être mise en place ainsi que des aménagements pédagogiques, qui aideront l’adolescent dans ses apprentissages.