Nous avons l’impression que notre enfant n’entend pas bien. Nous sommes allés en consultation chez l’Oto Rhino Laryngologiste (ORL). Il dit que l’audiogramme est bon et que notre enfant n’est pas sourd.
Pourtant, au quotidien, notre enfant est gêné pour entendre quand les conditions d’écoute ne sont pas optimales. Nous devons sans cesse répéter les messages.
Il a peut-être un Trouble du Traitement Auditif (TTA) ?
Les difficultés au quotidien de l’enfant sont :
- comprendre la parole dans un environnement bruyant
- comprendre 2 messages auditifs en même temps, conversations à plusieurs, s’isole car difficile de suivre les conversations
- faire la différence entre deux mots ou deux sons proches
- mémoriser des messages verbaux (mémoriser les comptines, les tables de multiplication, les poésies)
- être attentif auditivement
- apprendre les langues étrangères et la musique
- suivre des consignes orales complexes
- comprendre l’humour et l’ironie (changement de prosodie)
- suivre le rythme d’une chanson
- rester attentif : ils se fatiguent plus vite
- difficultés à se faire des amis, conflits plus fréquents
Qu’est ce que le trouble du traitement auditif ?
Les examens ORL réalisés en première intention sont bons. L’enfant entend donc bien dans le silence mais est gêné pour percevoir quand les conditions d’écoute sont difficiles (dans le bruit, parole rapide, plusieurs personnes qui parlent en même temps).
Anciennement appelé surdité centrale, le TTA correspond à un mauvais traitement de l’information auditive au niveau des voies auditives centrales alors que l’audition périphérique est bonne chez ses enfants. L’audition centrale évolue et progresse jusqu’à l’adolescence. Avec une prise en charge précoce, il est possible d’aider à cette progression.
Le Trouble du Traitement Auditif peut être associé à un autre trouble (50 à 60 % des enfants) comme un trouble du langage oral, un trouble du langage écrit ou un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
Bilan pluridisciplinaire
L’ORL, qui suit la famille, adresse en centre référent ou au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) pour effectuer un Bilan pluridisciplinaire.
Il concerne les enfants de plus de 7 ans ayant un audiogramme tonal et vocal normal et Potentiel Evoqué Auditif normal et un quotient intellectuel de plus de 80.
Si l’enfant a un trouble de l’attention diagnostiqué, il doit être sous traitement sinon ces difficultés attentionnelles pourraient fausser le bilan.
Après le rendez-vous avec l’ORL qui vérifie que l’audition périphérique est bonne, le bilan se compose d’une évaluation orthophonique ciblée et spécifique audition et d’une évaluation neuropsychologique (attention auditive et fonctions exécutives) et psychométrique pour valider le QI.
Si deux épreuves des tests sont très en dessous des réponses de la moyenne de l’âge de l’enfant (en dessous de -2 écarts types ou 1 épreuve à -3 écart type), le diagnostic peut être posé.
La prise en soins
L’ORL préconise alors des appareils auditifs avec ou non l’utilisation d’un micro HF (Hautes Fréquences).
La famille rencontre l’audioprothésiste qui adapte progressivement le port et le réglage des appareils, en fonction des réactions de l’enfant.
Le micro HF est porté par l’enseignant et la voix de celui-ci est envoyée directement aux appareils de l’enfant.
Un dossier de la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées(MDPH) est constitué. Il permet le financement du micro HF et/ou du reste à charge des appareils. Il permet également de mettre en place des adaptations au sein de l’école.
Une prise en soin orthophonique spécifique est également préconisée.
L’orthophoniste en lien avec la famille et l’école suggère un aménagement de l’environnement acoustique pour faciliter l’audition de l’enfant dans son quotidien.
Il veille à la mise en place des stratégies de communication. Apprendre à l’enfant à devenir acteur de son environnement acoustique : demander à réduire le bruit, demander de parler plus fort, de répéter, d’avoir un support visuel.
En séances, l’orthophoniste propose à l’enfant :
- un entraînement auditif intensif (dans le bruit, avec des messages longs, une intensité faible, un rythme rapide…)
- un enrichissement du vocabulaire et de la syntaxe pour permettre de mieux deviner les mots mal perçus (ex : compléter la phrase : le chien dort dans la…)
- un entraînement de l’attention et de la mémoire auditive
- un travail pour lever les confusions de sons proches
- de lire sur les lèvres quand le message n’est pas bien entendu.
Pour comprendre un message dans un contexte bruyant, il faut bien l’entendre, lire sur les lèvres et deviner le mot mal perçu. Nous le faisons tous au quotidien. Pendant la période Covid nous étions gênés par les masques qui cachaient la bouche.
L’enfant qui a un TTA doit apprendre à le faire au quotidien.
Des conseils sont donnés par l’orthophoniste pour améliorer les situations d’écoute :
à la maison
- réduire le bruit pendant les situations de communication, écoute de consigne, discussion (éteindre la radio dans la voiture, télé pendant les repas)
- respecter le tour de parole
- se placer en face de l’enfant et à sa hauteur
- articuler clairement
- parler avec une voix forte sans crier
- lui faire écouter des comptines, des histoires lues sur CD, podcast
- jouer au loto sonore, s’amuser au roi du silence.
- l’encourager à répondre au téléphone
- discuter du flash info entendu à la radio, échanger sur les paroles d’une chanson…
en classe
- l’instituteur porte le micro HF si l’ORL le préconise
- réduire le niveau de bruit (mettre des balles de tennis sous les pieds des chaises)
- le placer au premier rang, proche de l’enseignant
- l’enseignant donne des consignes simples, l’une après l’autre
- donner un support visuel supplémentaire pour les consignes et les informations auditives
- réduire les déplacements de l’enseignant durant les explications, dictée pour rester face à l’enfant
- prévoir un temps de repos si nécessaire dans le silence, après la cantine ou la cour de récréation
Les enfants qui ont un TTA évoluent positivement grâce à la maturation du système nerveux central. Ils sont bien aidés par les soins préconisés par l’ORL. L’orthophoniste en libéral sera un partenaire essentiel. Les soins sont intensifs mais de courte durée. Si l’enfant présente des troubles associés, ils sont aidés en entendant mieux au quotidien.