Le développement de la succion
La bouche commence son entraînement dès la fin du 1er trimestre de grossesse. Dès que bébé approche sa main vers sa bouche, elle va s’ouvrir et la langue va sortir. Ce premier réflexe démarre l’entraînement de la succion.
Petit à petit, le bébé commence à pouvoir avaler en coordonnant les mouvements de succion pour être prêt à la naissance.
La succion à la naissance
Au moment de la naissance à terme, (9 mois de grossesse) le bébé a déjà 6 mois d’expérience de succion derrière lui. Grâce à cet entraînement, le nouveau-né gère mieux les mouvements de sa bouche. Ce sont les réflexes oraux.
La plupart du temps, la tétée au sein ou au biberon va se faire facilement.
Parfois, le bébé peut montrer des difficultés à garder le lait en bouche. Des fuites peuvent être observées. Si ces fuites sont ponctuelles et minimes, cela n’aura pas de conséquences. Si elles sont régulières et en grande quantité, il est bon de comprendre le mécanisme en jeu pour tenter quelques modifications. Si l’enfant peine à prendre du poids et que cela génère de l’inquiétude, il est important de consulter.
Pendant la vie intra-utérine, le bébé ouvrait la bouche, baillait, suçait ses doigts et le liquide amniotique arrivait dans sa bouche sans effort. Maintenant qu’il est né, pour une tétée optimale, le bébé doit coordonner la succion/déglutition/respiration.
La préparation
À la naissance, le nouveau-né expérimente l’émotion de ne pas avoir son besoin immédiatement assouvi. L’adulte met un petit temps pour identifier les signaux de la faim chez son bébé : une bouche qui s’active progressivement. Les premiers signaux sont les yeux qui bougent sous les paupières fermées, des petits mouvements du corps, la main qui s’approche de la bouche. Les signaux sont parfois plus francs avec des pleurs.
La préparation du biberon ou l’installation pour la mise au sein amène également un petit temps d’attente supplémentaire. Lorsque le nouveau-né et son lait sont prêts, la succion va s’activer. Les mouvements de la bouche ne seront pas les mêmes au sein ou au biberon.
Lorsque le bébé est allaité, les lèvres et le visage du bébé arrivent au contact du sein, le réflexe d’ouverture de la bouche s’active. Le contact du sein dans la bouche déclenche l’avancée de la mâchoire puis sa fermeture. La bouche est fermée hermétiquement autour du sein. Les mouvements d’abaissement puis d’élévation de la mâchoire et de la langue entraînent l’éjection du lait. Le lait est ensuite envoyé vers l’arrière de la bouche puis il est avalé. La bouche reste fermée, elle est étanche pendant toute la succion. Le bébé respire alors par le nez.
Au biberon, l’hermétisme est moins nécessaire. La bouche du bébé s’ouvre et se referme autour de la tétine mais ce sont les gencives qui la pressent afin de faire jaillir le lait. Il sortira plus ou moins vite selon le débit de la tétine et la position du biberon. Plus le biberon est présenté vers le bas, plus le lait coule facilement avec la gravité.
Difficultés de succion et fuites de lait
Parfois, le démarrage de l’alimentation du nouveau-né peut être compliqué à cause de difficultés de motricité de la bouche.
Certains nourrissons ont une bouche peu tonique appelée hypotonie. Au sein, ils n’arrivent pas à fermer hermétiquement leur bouche autour du mamelon. La succion va donc être gênée. Le sein ne sera pas maintenu de manière stable et le lait jaillira moins facilement. Parfois le lait arrive à jaillir mais comme la bouche est mal fermée, le lait coule par les coins des lèvres.
D’autres causes peuvent entraîner des difficultés d’ouverture et de fermeture de bouche et des fuites de lait. Lorsque la naissance a été difficile, le nouveau-né peut avoir des tensions au niveau des cervicales, des structures crâniennes, allant parfois jusqu’à un torticolis. Dans ces situations, le bébé peut être douloureux dans certaines positions et gêné dans la motricité de sa tête, de sa bouche et même de sa langue.
Certains bébés présentent des difficultés d’élévation de la langue vers le palais à cause d’un frein de langue trop court qu’on appelle frein restrictif. Celui-ci peut limiter les mouvements de langue nécessaires à la succion et ceux nécessaires à la déglutition. La coordination succion/déglutition est alors perturbée et le lait peut fuir.
Des causes extérieures au fonctionnement de la bouche du bébé peuvent être identifiées
Au biberon, des fuites de lait peuvent être entraînées par un débit de tétine non adapté. En effet, si le débit est trop important, le bébé peut avoir du mal à gérer la quantité de lait. Sa bouche aura des difficultés à téter puis avaler une trop grande quantité de lait. Le rythme de sa succion sera perturbé par le débit trop important. Du lait pourra couler par les coins des lèvres (commissures).
Au sein, certaines mamans présentent un Réflexe d’Ejection Fort (REF). Les jets de lait arrivent en grande quantité et avec une forte pression dans la bouche du bébé. Il risque d’être « envahi » par ces jets puissants et la succion peut être perturbée. Là encore, il sera en difficulté pour avaler une trop grande quantité de lait qui arrive trop vite. Du lait peut couler au coin des commissures des lèvres. Il peut aussi tousser et se détourner du sein.
Qui consulter ?
En cas d’allaitement maternel, il est possible d’aller voir directement une consultante en lactation. Elle accompagne l’installation pour la mise au sein et propose un travail autour de la bouche du bébé.
En cas d’inquiétudes sur la succion au biberon ou au sein, il est conseillé de consulter un médecin qui peut prescrire un bilan orthophonique. Ce bilan permet de faire le point sur la grossesse, la naissance et le démarrage de l’alimentation du bébé. L’observation d’un repas et une évaluation de la bouche du bébé sont faites. L’orthophoniste peut ensuite faire une proposition de séances en accompagnement des parents et du bébé dans le développement des compétences de sa bouche.
Que faire en attendant la consultation ?
Redresser le bébé
En attendant la consultation, il est conseillé de redresser un peu le bébé qui tète. En effet, plus le bébé est allongé, plus sa bouche sera ouverte ce qui ne va pas aider la succion. Une posture semi-assise, en faisant attention de bien caler la tête du bébé, aide la succion car la bouche se ferme plus facilement.
Présenter le biberon en position horizontale
Pour aider le bébé au biberon, on présente la tétine à l’horizontal. Si la tétine est présentée vers le bas, le lait coule trop vite. Le bébé n’arrive pas à téter et à avaler le lait lorsque le débit est trop fort. La présentation horizontale du biberon aide le bébé à téter et à faire des pauses quand il en a besoin.
Choisir un débit de tétine adapté
Au biberon, il faut faire attention au débit de la tétine. Si le bébé tousse, a des fuites de lait, fait souvent des pauses pendant sa tétée ou se détourne du biberon, c’est peut être que le débit de sa tétine est trop rapide. Il ne faut pas hésiter à tester un débit plus lent afin de voir si cela aide la succion et limite les fuites de lait.
Épaissir le lait sur indication médicale
Lorsque les modifications de posture et de tétines n’améliorent pas la situation, le médecin peut décider d’un changement de texture de lait. Un lait plus épais laisse plus de temps au bébé pour téter et avaler.
Proposer et laisser du temps
Lorsqu’une modification est faite dans l’alimentation du bébé, il faut lui laisser un peu de temps pour s’adapter au changement. La modification d’un élément est proposée pendant plusieurs repas toujours de la même manière. On ne change qu’une seule chose à la fois et on laisse un peu de temps au bébé face à la nouveauté. C’est la répétition des mêmes propositions qui vont aider la bouche du bébé à organiser sa succion.
Il est normal qu’une succion puisse être difficile à la naissance. Le bébé et sa maman ont besoin d’un temps d’ajustement. La maman apprend à connaître son bébé. Le bébé apprend à utiliser sa bouche dans un nouvel environnement.
Si les moments de repas deviennent source d’angoisse et que le parent n’a pas de plaisir à donner à manger à son bébé, il est essentiel de consulter son médecin. Si le bébé est très agité ou au contraire, reste très passif pendant son repas, une consultation médicale est nécessaire.
Le médecin peut orienter vers un orthophoniste qui identifie les fragilités et surtout les compétences du bébé pour accompagner le développement de sa bouche et faciliter son alimentation.
Ce professionnel accompagne aussi les parents pour qu’ils soient confiants et ajustés dans leurs propositions au moment des repas de leur bébé.