Aujourd’hui les indications pour des chirurgies sur les amygdales (amygdalectomies) et les végétations (adénoïdectomies) ont évolué. Les techniques opératoires sont également différentes et plus conservatrices.
Les amygdales et les végétations, c’est quoi ?
Les amygdales sont aussi appelées tonsilles palatines. On peut les voir de chaque côté de la langue, tout au fond de la bouche. En revanche, les végétations, aussi appelées adénoïdes, ne sont pas visibles car elles sont situées derrière le voile du palais, dans les fosses nasales.
Les amygdales et végétations ont un rôle de filtre et de défense contre les microbes. Les végétations forment une épaisseur d’environ 3 millimètres sur la paroi derrière le nez. En cas d’infection, elles peuvent doubler de volume. C’est le cercle vicieux de la rhinite et de la respiration buccale. En effet, en prenant du volume, elles entraînent la personne à respirer bouche ouverte. Or, l’air n’est alors plus filtré et réchauffé par le nez. Ceci est pourtant indispensable à une bonne oxygénation des poumons.
Les végétations et les amygdales diminuent après la puberté. Ces dernières peuvent encore s’observer chez des adultes.
Alors pourquoi les opérer ?
Si elles ont un rôle positif de filtre, elles peuvent aussi créer des troubles quand elles sont trop volumineuses.
L’alimentation – Quand les amygdales sont très grosses, elles peuvent parfois presque se toucher. Cela laisse peu de place pour avaler, notamment les morceaux. On peut ressentir une gêne voire une envie de vomir. C’est ce qui peut entraîner un réflexe nauséeux.
La respiration – Des végétations trop épaisses limitent la place pour respirer par le nez et poussent à respirer par la bouche. Cela entraîne plus d’infections, des troubles de la croissance du palais et des déformations dentaires.
Le sommeil – Sa qualité dépend d’une bonne respiration par le nez. Des végétations ou des amygdales trop grosses vont favoriser une respiration bouche ouverte. Souvent la personne ronfle et cela peut même entraîner des apnées du sommeil – pauses respiratoires qui ont des conséquences négatives sur l’oxygénation du cerveau. Au réveil et en journée, on est fatigué. La nuit, les enfants sont très agités. Ils peuvent se réveiller de nombreuses fois, faire des terreurs nocturnes et transpirer abondamment.
L’audition – Pour bien parler, il faut bien entendre. Des végétations trop développées (invasives) peuvent perturber l’aération des oreilles. Du liquide s’accumule alors et favorise des otites qui passent parfois inaperçues. Ces otites ont des conséquences sur l’apprentissage des sons et sur l’attention.
L’articulation des sons – Des amygdales trop importantes peuvent limiter le mouvement du voile du palais et/ou le recul de la langue. Ils sont pourtant nécessaires pour produire les sons. Cela peut notamment gêner la production des sons [k,g,r] qui sont alors remplacés par des [t] et [d].
Dans le cas de Pierre, âgé de 5 ans, l’orthophoniste a mis en évidence l’absence des sons [k] et [g] mais aussi une respiration buccale constante. Son père qui l’accompagne, souligne le besoin de longues siestes le week-end.
Pierre sera-t-il opéré comme son père dans son enfance ?
Ce sont une ou plusieurs raisons évoquées plus haut qui peuvent amener le chirurgien ORL à opérer les amygdales et/ou les végétations.
De nos jours, on ne parle plus de les retirer totalement. Elles sont réduites grâce à diverses techniques, notamment le laser qui permet d’être plus précis.
Cela reste une opération qui nécessite une anesthésie générale et des précautions post-opératoires en raison du risque d’hémorragie. Il est donc capital de bien respecter les instructions du chirurgien ORL après l’opération.
Lorsqu’un patient est né avec une fente palatine, il est indispensable de confirmer ces opérations avec le chirurgien qui le suit pour la fente et pas seulement avec l’ORL qui doit opérer. En effet, cela peut accentuer un dysfonctionnement du voile du palais et donc un trouble de la voix et de l’articulation du patient.
Quel rôle pour l’orthophoniste de Pierre ?
Le bilan de l’orthophoniste a mis en évidence la nécessité de consulter un ORL. Celui-ci a confirmé la présence d’amygdales et de végétations trop volumineuses. Elles expliquent les troubles articulatoires et respiratoires de Pierre.
En effet, le diagnostic et le suivi orthophonique se situent au cœur des fonctions suivantes : audition, respiration, alimentation, articulation des sons.
Dans les jours et semaines qui suivent ces opérations, Pierre pourrait parler un peu du nez ou produire un petit ronronnement. Dans ce cas, son orthophoniste lui fera travailler le voile du palais pour corriger ce trouble.
Les raisons de procéder à une amygdalectomie ou une adénoïdectomie – noms donnés aux opérations des amygdales et des végétations- sont bien connues. Les techniques ont aussi beaucoup évolué depuis que le père de Pierre a été opéré.
Le diagnostic de l’orthophoniste contribue à ces décisions chirurgicales chez l’enfant comme chez l’adulte. Il peut également intervenir dans les suites opératoires si nécessaire, comme dans le cas de Pierre qui doit apprendre à produire les sons [k/g] et à respirer par le nez.