Arthur est en CE1. Il n’arrive pas à apprendre et mémoriser ses poésies. Souvent, le soir, il la connaît mais le lendemain quand il faut la réciter à l’école, il ne s’en souvient plus. Il perd ses moyens, panique, ne parvient pas à se souvenir des strophes, de leur ordre et des rimes. Maintenant, il refuse d’apprendre de nouvelles poésies, il dit que c’est nul et que ça ne sert à rien.
Comment aider Arthur à apprendre ses poésies efficacement et avec plaisir ?
Il est important qu’Arthur comprenne l’intérêt d’apprendre une poésie. L’enseignant ne cherche pas à l’embêter en lui donnant ce devoir. Il s’est fixé un ou plusieurs objectifs. Apprendre une poésie permet d’améliorer la mémoire et de développer différentes stratégies d’apprentissage. Cela permet aussi de rencontrer de nouveaux mots, d’enrichir son vocabulaire, de jouer avec les mots et d’élargir ses connaissances culturelles et littéraires.
Apprendre une poésie, ça peut être réjouissant et ludique, ce n’est pas forcément barbant et long.
Comprendre la poésie
Peut-être qu’Arthur n’arrive pas à mémoriser sa poésie parce qu’il ne la comprend pas. Dans ce cas, il faut lui expliquer tous les mots qu’il n’a pas compris ou qu’il ne connaît pas. On peut les chercher dans le dictionnaire, les lui expliquer simplement à l’oral ou même les dessiner quand c’est possible. Si ce sont les tournures de phrases qu’il ne comprend pas, on peut alors les simplifier pour pouvoir mieux mémoriser la version du poème.
Il arrive aussi que la poésie «ne veuille rien dire», quand ça arrive, on peut imaginer une histoire à partir de ce que l’on comprend, essayer de repérer les rimes, les mots qu’on aime bien.
Avec ces exercices de compréhension, la poésie a été lue plusieurs fois par l’enfant, par l’adulte et une partie est déjà mémorisée.
Apprendre la poésie
Quand le sens de la poésie est bien compris, il faut ensuite la mémoriser et il existe diverses façons pour cela.
On n’est pas obligé de rester assis devant une feuille à recopier la poésie ou de la réciter strophe par strophe. Il est possible de dessiner l’histoire du poème, de le réécrire en utilisant plusieurs couleurs ou plusieurs tailles et formes d’écriture. C’est plus ludique que de la recopier au stylo et cela permet à Arthur de faire travailler sa mémoire visuelle.
Si Arthur est patient et bon lecteur, il peut découper sa poésie en étiquettes : après l’avoir copiée, on découpe des bandelettes, chaque bandelette correspondant à un vers. Il s’agit de remettre les vers dans le bon ordre. On peut aussi lui proposer une poésie à trous : à lui d’écrire les mots manquants.
On peut aussi apprendre sa poésie en bougeant : en marchant, en sautant, en tournant, en tapant dans ses mains, en mimant. Par exemple, à chaque fin de vers, on tape une fois dans ses mains et à chaque fin de strophe, on tape deux fois. On peut aussi mimer ce que fait un personnage de la poésie à chaque fois qu’on parle de lui.
On peut aussi apprendre sa poésie en variant sa voix : on la lit ou la récite en chuchotant, puis à voix normale puis en parlant fort. On peut changer l’intonation en parlant normalement puis en prenant un ton interrogatif, exclamatif ou surpris.
Pour qu’Arthur prenne plus plaisir à apprendre, il est agréable pour lui qu’un adulte fasse avec lui, dans la mesure de sa disponibilité et de son temps.
Quand la poésie a été travaillée du début à la fin, c’est l’occasion de la réciter chacun son tour : chacun un vers, chacun une strophe puis chacun son tour. Enfin, il est possible de s’enregistrer puis de s’écouter et se corriger pour que l’enregistrement soit encore meilleur. Une fois qu’Arthur saura comment apprendre, il pourra faire tout seul et devenir plus autonome.
Prévoir le temps de l’apprentissage
Dans tous les cas, il vaut mieux prendre plusieurs jours pour apprendre un poème ; plus il est long, plus le temps d’apprentissage et de mémorisation sera long mais même avec un poème court, le revoir régulièrement sur une période donnée est un gage de meilleure mémorisation, sans le stress de l’apprentissage à la dernière minute. Si le poème est long, on peut proposer à l’enfant de travailler sur la première strophe le premier jour, la deuxième strophe le deuxième jour. Si cela se passe bien, à la fin du deuxième jour, l’enfant peut essayer de réciter la première strophe + la deuxième strophe et ainsi de suite les jours suivants.
Pourquoi pas ne pas demander à l’enseignant de donner la nouvelle poésie à Arthur quelques jours avant les autres élèves si la mémorisation est vraiment difficile et stressante pour lui ?
Finalement, il n’est pas nécessaire de passer beaucoup de temps chaque jour pour apprendre une poésie : quand le temps d’apprentissage devient trop long, le cerveau se fatigue et il ne sert à rien d’insister. Mieux vaut arrêter et reprendre le lendemain si l’on constate que l’enfant n’arrive plus à réciter ce qu’il a déjà appris ou n’arrive plus à mémoriser ce qu’il fait.
Varier les façons de mémoriser une poésie en faisant appel à la compréhension, à l’écoute, au dessin, au graphisme, à la lecture mais aussi au geste et au mouvement va en favoriser l’apprentissage et la mémorisation sur le long terme.
Et si Arthur présente des difficultés d’apprentissage dans d’autres domaines que la poésie, il est possible qu’il ait un trouble plus spécifique. Par exemple, s’il n’arrive pas à apprendre et appliquer les règles de grammaire ou les conjugaisons de base, qu’il ne retient pas ses leçons ou l’orthographe des mots. Si cela fait plusieurs mois ou même une année scolaire que cette situation dure, dans ce cas, il est important d’en parler avec l’enseignant et d’envisager un bilan chez un orthophoniste qui pourra diagnostiquer un éventuel trouble et suivre l’évolution de l’enfant.