Les enfants issus de l’adoption internationale rencontrent-ils des difficultés particulières dans l’acquisition de la langue française ? Comment s’approprient-ils leur nouvelle langue ? Est-ce difficile pour eux ? Vont-ils avoir un niveau suffisant pour leur intégration familiale, scolaire et plus tard sociale ?
Le développement du langage
Les études internationales mettent en évidence que les enfants adoptés traversent les mêmes stades de développement du langage que les enfants nés en France, apprenant leur première langue. L’enfant s’approprie tout d’abord des mots courants puis aligne plusieurs mots pour faire des phrases, puis construit de courtes phrases. Il n’existe pas d’impact particulier de la langue de naissance (que ce soit en termes de prononciation de phonèmes, sonorités, rythme ou articulation des mots), comme on peut l’observer lors de l’apprentissage d’une seconde langue.
Deux types de comportement
Chez les enfants déjà entrés dans le langage, deux comportements sont notés le plus souvent :
- soit une phase de mutisme, pour ne recommencer à parler que lorsqu’ils articulent quelques mots de la nouvelle langue. Le langage non verbal (ex : gestes, mimiques…) est alors privilégié.
- soit une phase de transition, où l’enfant continue à parler sa langue de naissance puis la remplace progressivement par le français, avec parfois une période où les 2 langues sont utilisées.
Quel que soit le cas de figure, l’enfant commence à changer de langue au bout de 4 semaines d’immersion en français environ, donc très rapidement. Certaines études montrent que les difficultés de communication sont moins grandes avec les très jeunes enfants qui n’ont pas encore acquis la langue ou avec les grands qui sont capables de comprendre que leur langue de naissance n’est plus partagée par les adultes. Ils chercheraient alors d’autres moyens pour communiquer. Les enfants de 2-3 ans auraient davantage de mal à prendre conscience de ce changement de langue et à accepter que leur langue de naissance ne soit plus comprise. Le fait pour eux de ne plus pouvoir communiquer pourrait entrainer des réactions de colère, de tristesse et de repli.
Combien de temps d’adaptation?
La plupart des études scientifiques parlent d’une période de 2 ans d’immersion, pour des enfants adoptés avant 2 ans, pour que leur niveau de langage soit semblable à celui d’enfants non adoptés. La plupart des enfants seraient donc dans la moyenne en termes de production de vocabulaire. D’autres résultats mettent en évidence qu’un an après l’adoption, la compréhension et l’articulation des enfants adoptés seraient dans la norme des enfants non adoptés du même âge.
En cas de doute
Dans le cas d’une plainte ou d’une inquiétude concernant l’acquisition du langage chez un enfant issu de l’adoption internationale, il s’agira alors de consulter son pédiatre en lui expliquant la situation ainsi que le comportement de l’enfant. Celui-ci prescrira sans doute un « bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire ». Ensuite prenez contact avec l’orthophoniste de votre choix, qui interviendra pour réaliser une évaluation orthophonique. Au terme de cette évaluation, en fonction des résultats, une prise en soin orthophonique pourra être mise en place. Une mauvaise acquisition de la langue de naissance, due à la rareté et à la pauvreté des contacts, peut parfois rendre la maîtrise des autres langues difficile.
Les études internationales mettent en évidence un investissement très important de la langue du pays d’accueil de la part des enfants adoptés. L’apprentissage du français pour les enfants adoptés se fait à travers le quotidien, pour communiquer avec leur famille adoptive. Il est donc important que les nouveaux parents multiplient les interactions avec leur enfant afin qu’il soit souvent exposé à sa langue d’adoption.