Il a besoin d’entendre et de reconnaître les bruits de sa maison, les sons qui composent les chansons qu’on lui chante, les paroles de ses parents. Il a aussi besoin de mettre du sens sur les mots et les phrases qu’il entend : savoir ce qu’ils signifient. Toutes ces capacités font partie de la perception auditive que l’enfant va développer très tôt et de façon naturelle grâce à son audition. Cette audition s’améliore en même temps que l’enfant grandit. Mais, la perception auditive va également bénéficier des expériences sonores de l’enfant. L’enfant a besoin d’être stimulé auditivement, d’entendre des bruits, des sons, des mots et des phrases pour ensuite pouvoir lui-même se mettre à parler. Cette stimulation sonore est apportée par l’environnement de l’enfant et en particulier par sa famille. On sait aujourd’hui, qu’il y a un lien entre le développement de la perception auditive et le comportement des parents : plus ils stimulent auditivement leur enfant, meilleure est sa perception auditive, et plus facilement il apprendra à parler.

Dans le ventre de la mère, 3 mois avant la naissance

Quelles sont les capacités auditives de votre enfant ?
Dès le 6ème mois de grossesse, l’audition de l’enfant est déjà bien développée. Il est capable d’entendre :
– les sons intérieurs de sa mère comme le gargouillement de son estomac en pleine digestion ;
– beaucoup de sons extérieurs à sa mère: la musique qu’écoute son frère, le bruit de l’aspirateur, la voix de son père, et même quand il chuchote.
On remarque que, dès cet âge, l’enfant préfère écouter une voix humaine plutôt que toute autre source sonore. L’enfant est également très sensible à la prosodie de la langue, c’est-à-dire aux changements de rythme et d’intonation.

Comment stimuler auditivement votre enfant ?
Il est possible et recommandé de stimuler auditivement l’enfant même avant la naissance. Il est particulièrement intéressant pour son développement de :
– lui faire écouter de la musique, avec ou sans paroles, 
– parler autour de lui,
– s’adresser directement à lui,
– lui raconter des histoires, et les répéter encore et encore
Les enfants se souviennent de ce qu’ils ont entendus avant la naissance, et surtout de ce qu’ils ont entendus souvent. Des enfants de quelques semaines réagissent positivement à l’écoute d’histoires auxquelles ils ont été exposés dans le ventre de leur mère. On remarque aussi que dès la naissance, le rythme et l’intonation des cris des enfants ressemblent à ceux de la langue de leurs parents. Cela montre que les enfants apprennent des choses dans le ventre de leur mère grâce une mémoire auditive qui fonctionne déjà avant la naissance.

De la naissance à 6 mois

Quelles sont les capacités auditives de votre enfant ?
À l’air libre comme dans le ventre de sa mère, l’enfant est particulièrement sensible au monde sonore et en particulier à la prosodie (rythme et intonation) de la langue, à la musique si particulière de chaque langue. C’est d’ailleurs, grâce à sa sensibilité à la prosodie qu’il est capable de :
– faire la différence entre sa langue maternelle et une autre langue qu’il n’a jamais entendue,
– reconnaître la voix de sa mère parmi celles d’autres femmes,
– faire la différence entre deux types d’intonation, entre une phrase interrogative et une phrase déclarative par exemple. Lorsqu’on pose une question, en général notre voix monte à la fin de la phrase alors qu’elle descend dans le cas où on donne une information. L’enfant distingue ces schèmes intonatifs très tôt.
Par ailleurs, même s’il a entendu une langue particulière dans le ventre de sa mère, il est capable, dès ses premiers jours de vie :
– d’entendre tous les sons de parole qui existent au monde, même ceux qui ne font partie de sa langue maternelle et qu’il n’a jamais entendus,
– discriminer les sons entre eux, c’est-à-dire repérer leurs différences même quand elles sont très minimes.
Par exemple, l’enfant perçoit la différence entre le son «t» et le son «d», alors que la seule différence entre les deux est le voisement (vibration dans la gorge) quand je produis un «d». Grâce à cette capacité de perception universelle, quel que soit son lieu de naissance, l’enfant pourra apprendre n’importe quelle langue à la condition d’y être exposé en quantité suffisante.
La perception de l’enfant est également catégorielle. En effet, l’enfant sait reconnaître les sons de parole ou les suites de sons même s’ils sont produits par des personnes différentes ou avec une intonation différente. C’est grâce à cette perception catégorielle que l’enfant sait que la suite de sons b+a+l+on renvoie à l’objet rond avec lequel il joue, que cette suite de sons soit prononcée par sa maman ou une autre personne.
Tout au long des premiers six mois, l’enfant va également apprendre à :
– localiser les bruits et les sons, d’abord les sons proches qui l’entourent, puis vers 5-6 mois les sons plus lointains comme le bruit de la sonnette ou de ses parents qui discutent dans la pièce voisine.

Comment stimuler auditivement votre enfant ?
Le bébé a beaucoup de plaisir à entendre de la musique, des bruits, et surtout à entendre parler. Et les paroles qu’il va entendre vont l’aider à apprendre à parler à son tour. Dès les premiers mois, les parents peuvent donc jouer un rôle important sur le plaisir et le développement du langage de leur enfant en l’exposant le plus souvent possible à un monde sonore varié. Il est facile de stimuler auditivement un jeune enfant. Voilà une liste de choses qui sont utiles et que vous pouvez facilement faire avec votre enfant :
– faîtes entendre à votre enfant des bruits et des sons de nature et d’origine diverses.
Pour cela, vous pouvez utiliser des jouets qui font du bruit comme des hochets, des instruments de musique ou encore des boîtes qui émettent des sons différents quand on les ouvre ou quand on les ferme. Mais vous pouvez aussi tout simplement utiliser des objets du quotidien : rien de plus aisé que de faire de la musique en tapant avec une cuillère sur une casserole, de tapoter en rythme sur les différentes parties du corps de votre enfant ou du votre, ou encore d’imiter le miaulement du chat de la famille. N’hésitez pas à cacher les objets sonores à la vue de l’enfant. Celui-ci, très réceptif aux bruits qui l’entourent se mettra rapidement à leur recherche et ne tardera pas à les localiser pour sa plus grande joie.
– jouez avec la langue et en particulier avec les sons et les intonations.
Faîtes des bruits bizarres avec votre bouche. Changez et exagérez les intonations, passez du chuchotement au cri. N’hésitez pas à surprendre votre enfant !
– faîtes écouter de la musique à votre enfant, chantez lui des chansons, des berceuses ou récitez lui des comptines.
Les berceuses et les comptines sont très adaptées aux enfants. Elles possèdent des caractéristiques prosodiques qui attirent leur attention et qu’ils aiment. Les berceuses sont chantées avec un rythme lent et des pauses très longues entre les phrases. La voix est souvent plus aiguë. Elles sont souvent composées d’onomatopées comme le bruit du vent ou les cris des animaux et de mots qui riment et se répètent. Dans les comptines, on trouve également des répétitions de sons et de phrases, des rythmes particuliers, des intonations exagérées. Toutes ces caractéristiques attirent l’attention des enfants et leur font découvrir les sons de la langue. Souvent dans les comptines, des gestes sont associés aux mots, ce qui permet de mieux mémoriser les sons et les mots. On demande aussi quelquefois de taper le rythme de la comptine avec le pied ou les mains tout en produisant les mots. Ce rythme soutient le mouvement et aide l’enfant à mieux articuler et à prononcer.

Personne n’a jamais appris à parler seul devant la télévision, même devant des programmes pour enfant. Considérez votre enfant comme un véritable partenaire dans la conversation. A cet âge, l’enfant n’est pas encore en mesure de comprendre les mots mais cela va l’aider à apprendre à communiquer. Il est donc essentiel de :
– lui parler en vous adressant directement à lui ;
– vous mettre à sa hauteur ;
– attirer son attention et lui parler en le regardant. L’enfant apprendra mieux à parler en voyant les mouvements que vous faîtes avec votre bouche quand vous parlez. On sait que la stimulation audio-visuelle est plus efficace qu’une stimulation auditive seule.
– lui parler dans plusieurs langues s’il grandit dans un milieu où on en parle plusieurs. Entendre des langues différentes améliore les capacités de perception des enfants. N’hésitez pas à lui parler dans votre langue maternelle même si ce n’est pas la langue du pays dans lequel il grandit.
L’enfant a besoin d’un environnement sonore stimulant pour développer ses capacités. Mais il doit également se sentir en sécurité et ne pas être stimulé de manière exagérée. Pour cela:
– veillez au rythme et tempérament naturels de votre enfant, soyez attentif à sa capacité attentionnelle et à son niveau de fatigue. Un enfant si jeune dort beaucoup. Il faut donc respecter son rythme et ne pas trop le stimuler.
– évitez d’exposer l’enfant à des sources sonores trop intenses et de manière prolongée.
– évitez le plus possible les bruits de fond (télévision, tablette, téléphone…) qui peuvent couvrir votre voix ou d’autres sons moins forts ou plus lointains. Ces bruits de fond peuvent nuire à l’apprentissage de votre enfant qui aura du mal à entendre précisément les mots qu’on lui dit.

Entre 6 et 12 mois

Quelles sont les capacités auditives de votre enfant ?
Les capacités auditives de l’enfant vont connaître un tournant très important autour de 6 mois. Alors que l’enfant avait jusque-là une perception universelle, il va progressivement perdre cette capacité et devenir plus sensible aux propriétés de sa langue maternelle, c’est-à-dire à la langue (ou les langues dans le cas d’enfants bilingues) qu’il a entendu dans le ventre de sa mère et au cours des 6 premiers mois de vie. Ce développement est important car meilleure est la discrimination de la langue maternelle, et meilleur est le développement langagier ultérieur, en particulier le développement des mots.
Petit à petit, l’enfant est capable de :
– mieux percevoir les sons qui composent sa langue maternelle que ceux qui n’en font pas partie.
– segmenter la parole continue en syllabes et en mots.
Les enfants entendent des phrases entières et pas des mots. Moins de 10% des mots sont produits sous forme isolée. À partir de 8 mois, l’enfant est capable de segmenter les phrases qu’il entend en mots. En effet, dès cet âge, l’enfant va repérer des régularités dans le discours qu’il entend, qui vont lui permettre d’identifier des mots. C’est surtout grâce à des indices prosodiques (comme l’accentuation ou l’intonation) qu’il arrive à repérer le début ou la fin d’un mot.
Il va très rapidement préférer les mots qui suivent les régularités de sa langue maternelle, préférer les mots composés de suites de sons fréquentes et permises dans sa langue maternelle à celles qui n’existent pas ou qui sont rares dans sa langue. Par exemple, il préfère écouter des mots comme «clé» ou «classe» plutôt que le mot «balcon» car la suite de sons c+l est plus fréquente en français que la suite l+c.

Vers 8 mois, l’enfant commencera aussi :
– à reconnaître et à mémoriser des mots après les avoir entendus plusieurs fois.
L’enfant se souvient des mots entendus dont il ne connait pas le sens et préfère les entendre à des mots nouveaux. Une expérience a montré qu’après avoir écouté la même histoire tous les jours pendant dix jours, des nourrissons préfèrent écouter deux semaines plus tard des listes de mots extraits de ces histoires plutôt que des listes de mots inconnus.
– à comprendre les mots.
Non seulement l’enfant est capable d’entendre et de reconnaître les mots auxquels il aura été exposé fréquemment, mais il sera aussi en mesure de les comprendre. Il commence à mettre du sens sur les paroles de son entourage.
Grâce aux compétences auditives qu’il aura acquises, l’enfant pourra se mettre à parler à son tour. L’enfant commencera par essayer de reproduire les sons et les syllabes qu’il aura identifiés en écoutant parler avant de produire ses premiers mots vers 12 mois. Un enfant qui n’entend pas ou qui entend mal aura beaucoup de difficultés à parler. C’est le cas des enfants sourds par exemple, qui commencent à dire des syllabes mais qui s’arrêtent très rapidement car ils n’entendent pas ce qu’ils disent.

Comment stimuler auditivement votre enfant ?
Quel que soit l’âge de votre enfant, il est toujours important de l’exposer à un environnement sonore stimulant. Pour que votre enfant développe ses capacités entre 6 et 12 mois, il est recommandé de :
– réagir verbalement aux tentatives de communication de l’enfant.
Répondez positivement à ses cris, à ses sourires, à ses vocalisations, à son babillage en imitant ses comportements. N’hésitez pas à répéter ce que votre enfant a dit même si vous n’arrivez pas à comprendre ce qu’il a voulu dire. On sait que plus les parents répondent aux comportements vocaux des enfants, plus les enfants participent aux interactions et développent leur langage.
-s’adresser à son enfant en adaptant sa propre façon de parler : exagérez l’intonation de vos phrases, insistez et répétez les mots importants, exagérez les pauses entre les mots et les phrases, parlez plus doucement et articulez bien.
Cette façon de parler va attirer l’attention de votre enfant mais aussi l’aider à segmenter la parole continue en mots.
– Lui montrer des imagiers ou lui raconter des histoires.
N’hésitez pas à utiliser les mêmes albums et à raconter les mêmes histoires. Votre enfant est sensible à la fréquence : plus souvent il entendra les mêmes mots, plus facilement il les reconnaitra et les mémorisera. Mais, il est aussi important de changer de supports régulièrement pour que l’enfant apprennent des mots nouveaux. Cela lui permettra, quand il sera plus grand, de connaître plus de mots différents.
– mettez du sens sur les tentatives de communication de votre enfant.
Si votre enfant produit des suites de sons qui ressemblent à des mots, reprenez ce qu’il vient de dire en complétant ce qui a été dit ou en le reformulant. Si votre enfant dit «tututut» chaque fois qu’il joue avec ses voitures, reprenez ses paroles en disant par exemple «oui c’est bien, c’est une voiture».
– nommer les choses et les personnes qui sont dans l’environnement immédiat de l’enfant.
Vous pouvez attirer l’attention de l’enfant sur un objet ou une personne avant de les nommer. Mais l’apprentissage sera encore plus efficace si vous nommez ce qui est déjà dans le centre d’attention de l’enfant. Vous pouvez aussi dénommer les actions en même temps que vous les faîtes. Par exemple, au moment du change, vous pouvez décrire en détails ce que vous faîtes à votre enfant : «regarde, je vais changer ta couche, alors, je prends une couche, elle est de quelle couleur cette couche ? elle est blanche ? oui elle est blanche, je lève tes jambes et je pose la couche sur la table, après je ferme la couche, et voilà tu es tout propre !»